Le Venin du Scorpion
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  Shai-Hulud

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Masika
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MessageSujet: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Lun 25 Fév - 15:42

L’immense terrasse ouvrait sur la ville d’Aquila en contrebas et plus loin sur l’océan qui scintillait des dernières lueurs de cette fin d’après-midi. Bâti à flanc de colline de l’un des deux monts qui encadre le port fortifié, le palais de la maison Lucani ne lassait pas d’offrir à ses pensionnaires le spectacle de la ville antique. Depuis la terrasse principale du palais, le paysage était total. Au centre de la ville, il anfiteatro dominait de sa majesté les maisons alentours, toutes travaillées à l’Opere di comissi. Sur la gauche, à l’orée de l’enceinte naturelle de la ville, les thermes dell’Imperatore forment un agrégat de bassins et de fontaines dont les eaux cascadent par un ingénieux système de canaux jusqu’à trouver leur voie dans l’océan. Au milieu de tout cela, la ville bruisse du commerce à la mode Vodacce. De cette hauteur, l’Aquila ressemble à une ruche où de besogneuses petites abeilles s’affairent aux dernières heures du jour pour mener à bien de dernières transactions d’une ville où tout s’articule autour du commerce.

Un verre à la main, tu profites de ce spectacle grandiose, qui te permet aussi de ne pas trop te mêler aux convives de la cour de Michele Lucani. Autre ruche fourmillante et bruissante, la cour du Prince Vodacci te semble nettement moins productive que celle en contrebas. Tu en es là de tes réflexions lorsqu’une présence massive prend place à tes côtés. D’abord contrarié par la perspective de devoir échanger des banalités avec un quelconque courtisan, tu découvres qu’il s’agit en réalité de l’invité du Prince. Isham Ibn Raïzuli pose à son tour son regard aussi noir que sa peau hâlée par le soleil de lointains déserts sur l’Aquila.

- Un spectacle assurément magnifique. Sa voix est rocailleuse et son accent très marqué, mais son Vodacci est impeccable. Mais pas autant que les dunes d’or des huit mers... affirme-t-il avec un soupçon de taquinerie.

Il marque une pause, te permettant de le détailler un peu mieux que lors de son introduction par le Prince au début des festivités. L’homme est massif, et le port de la tenue traditionnelle des nomades de l’Empire du Croissant ne masque pas une musculature comme découpéE à la serpe par un tailleur de pierre des marchés d’Aquila. Le visage est rude lui aussi, portant les stigmates d’une vie qui doit déjà être longue et dont la barbe courte commence à laisser apparaître des îlots laiteux.

- Vous ne semblez pas particulièrement hâtif à vous joindre aux convives. Serait-ce que ce type d’évenements vous importune ? En réalité, moi-même, ils m’importunent, dit-il avec un court rire semblable à du sable s’écoulant d’une bouteille. Mais ainsi vont les affaires dans votre peuple de ce que j’en ai compris.

Michele avait insisté pour que tu viennes, affirmant que c’était le début d’une collaboration qui changerait la destinée de la famille Lucani. Le Prince s’apprêtait à passer un contrat avec la Tribu Quabilat al-Sajin de l'Empire du Croissant, la tribu du scorpion. En échange d’un mariage entre l’une des nièces de Michele avec le dirigeant du Quabilat-Al-Sajin, celui-ci s’engageait à faire des Lucani l’unique distributeur d’une épice aux vertus de combat qui faisait des nomades de formidables combattants reconnus dans tout l’Empire du croissant. La curiosité d'une alliance aussi sulfureuse t’avait conduit jusqu’à la réception. Après tout, ce n’était pas tous les jours possible de rencontrer d’authentiques nomades du désert de l’Empire du croissant.
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Faust
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Lun 18 Mar - 14:36

Contrairement aux convives trop blasés et occupés à lécher quelques derrières de velours, ma silhouette est elle tournée vers cette ville que j'aime tant. Aquila. Là où d'aucun n'aurait su y distinguer que luxe, calme et volupté, mon regard perçant y décèle symétrie, formes et chiffres, reconstituant ainsi encore une fois une énigme que je n'avais toujours pas résolue.

La voix grave de notre invité tranche ma rêverie solitaire tel un Cimeterre. Je tourne légèrement un visage à l'expression indéchiffrable vers notre hôte que je semble ne remarquer qu'à l'instant. Et je devine tout à coup dans ses traits une autre énigme. Volcan d'intelligence et de ruse sous une chape taillée dans la roche,  émergeant du sable brûlant du désert. Cet homme est à la fois délicat et dangereux. Un animal fin et rusé. Mais dans le fond de ces yeux de charbons ardents, je peux aussi pressentir la sagesse du Désert et le charisme d'un vrai chef de guerre.

Mon sens de la prudence vodacce me questionne soudain sur sa visite à celui qui devait n'être pour lui qu'un parfait inconnu. Malgré cette habile manœuvre pour me laisser croire qu'il s'agit de l'ennui, j'y entrevois une intention sous-jacente qui pique au vif ma curiosité.

Ma longue chevelure noire acquiesce à sa remarque, mon verre et mes yeux toujours tournés vers la ville. Me penchant légèrement vers lui, je lui lance à mi-voix :
- Signore Raïzuli, je n'ai malheureusement jamais quitté ses terres et vous crois sur parole à propos de ces dunes d'or des huit mers dont je n'ai eu que quelques échos de marchands...Mais Oui, cette ville est un un spectacle merveilleux. Et pour être totalement honnête, je préférerais mille fois flâner dans ses rues animées que d'assister à ce tournoi de lustrage de bottes...C'est d'un ennui réellement mortel...

Je souris malgré moi, avant que mes manières ne se rappellent soudain à mon esprit rebelle :
- Pardonnez ma franchise, Seigneur, mais vous apprendrez sûrement rapidement que Cosmo Ramirez n'est qu'un un jeune artiste dément et trop bavard, ainsi que le mal-aimé de cette Cour..., finis-je avec un sourire narquois. Je laisse un long silence passer en le dévisageant de mon regard gris-bleu. Puis je reprends la parole d'un ton presque badin :
- Une question me brûle les lèvres, Isham Ibn Raïzuli, Seigneur de la tribu Quabilat al-Sajin de l'Empire du Croissant : vous avez parcouru un bien long chemin pour sceller cette alliance. Et j'en vois l'intérêt pour la famille Lucani...Mais quel peut bien être le votre ?. Tout en finissant ma phrase, je me dis encore une fois que je dois apprendre à réfréner cette langue bien trop pendue. J'espère juste que ce ne sera pas la fois de trop.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Ven 12 Avr - 11:56

L’homme t’observe d’un air intéressé devant la descriptiion que tu fais de tes rapports avec la cour du Seigneur Lucani, mais se garde bien de tout commentaire. Par contre, il sourit largement à tes derniers mots avant de reprendre la parole.

- Ne vous méprenez pas, Maître Ramirez. Je ne suis qu’un modeste ambassadeur de ma tribu, pas le Walï, son guide sous les étoiles. Mais je vous concède que c’est un bien long chemin pour négocier une affaire. Et pour en comprendre le sens, il faut comprendre la situation de mes terres.

Il pousse un léger soupir, et son visage devient soudain comme absorbé par les horizons lointains.

- Nous appartenons à l’empire de Persis, mais les règles de la 8ème mer lui sont propres et, en réalité, chacune des tribus vit selon ses préceptes, sur des territoires séculaires qui furent définis entre les tribus du désert. Nous autres, Qualibat al-Sajin, ne sommes qu’une modeste tribu parmi celles qui peuplent la 8ème mer. Les tribus majeures sont Qualibat al-Jamal, Qualibat al-Hisan et Qualibat al-Thi’b. Que vous traduiriez respectivement comme les tribus du chameau, du cheval et du loup. Depuis plusieurs mois, une créature de légende s’est éveillée dans les sables du désert infini. Saghira, un serpent des sables, hante le territoire d’Al-Thi’b et a forcé la grande tribu à fuir son territoire ancestral. On dit que s’il n’atteint pas la taille de l’illustre Gōčihr, Saghira en est un rejeton comme il n’en a plus été vu dans la 8ème mer depuis des éons.

Isham Ibn Raïzuli marque une courte pause, comme s’il reprenait conscience de ta présence.

- Alhem ! Je ne suis qu’un vieux bavard, et tout ceci ne doit paraître que fariboles à vos yeux, mon jeune ami. Toujours est-il que le déplacement d’al-Thi’b n’est pas sans conséquences et que leur quête d’un nouveau territoire créé des tensions entre les tribus. Mon Qualibat est le maître de l’oasis d’Orzalem, la Rose des sables dans votre langue. Il s’agit de l’un des plus précieux dons du désert et il n’est pas sans attiré les convoitises. Notre Walï s’inquiète qu’al-Thi’b ne vise par conséquent nos terres pour rétablir sa puissance effritée. Nous se saurions résister à l’un de leurs assaut, même avec le pouvoir de Shaï-hulud. Il nous faut d’autres armes. Et voici celle que nous sommes venus chercher, achève-t-il avec un sourire triste.

Au même instant, le prince Lucani s’avance dans la foule des convives, accompagner à son bras de Lucretia Lucani, sa nièce. Tu as du mal à masquer ta surprise. La sœur du Prince a eu quatre filles, et Lucretia est en la plus jeune, âgée d’à peine 13 printemps depuis quelques jours. Voilée d’un tissu vaporeux comme le veut la tradition pour les Streghe. La jeune adolescente te fait l’effet d’un frêle esquif à la dérive dans une tempête qui la dépasse. Isham Ibn Raïzuli te glisse alors rapidement :

- Veuillez m’excuser, Maître Ramirez.

Il s’échappe de ta compagnie en direction du Prince Lucani. Au même instant, tu remarques dans la foule captivée par la scène une silhouette qui fait mouvement en direction du vieux nomade d’un pas rapide. Un dernier reflet du soleil rougeoyant fait briller l’objet que cette personne tient dans sa main.

Le reflet métallique d’une lame.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Ven 26 Avr - 12:53

Pensif, l'ambassadeur du Croissant trouve en moi une oreille attentive tandis que je bois ses paroles tel un assoiffé de connaissance dans le désert de l'inconnu qu'est pour moi cette culture.

Évidemment, son histoire sur un serpent géant me laisse sceptique, mais je suis un homme pragmatique et prends donc cela comme une hypothèse de travail crédible...Du moins pour le moment. Il semble d'ailleurs conscient de nos écarts culturels, et ne s'en offusque pas.

Le Prince interrompt alors notre échange en s'avançant au bras de sa nièce. Mon masque de Cour s'effrite un instant en observant la -très- jeune Lucrétia, tandis qu'Isham quitte notre tablée pour aller les rejoindre.

Ce que je pensais être une simple annonce officielle d'un accord avec des étrangers comme j'en avais déjà tant vu s'était transformé en une intrigue bien plus stimulante que je ne l'avais anticipé.

Après un instant passé là sans bouger, je m'arrache à ma contemplation pour m'approcher de la foule qui s'agglutine autour du Prince comme un essaim d'abeilles devant la Reine. C'est à cet instant que j'aperçois le reflet de la lame dans le soleil couchant.

Mon sang ne fait qu'un tour. Mon regard perçant analyse la situation en un éclair. Je me mets à courir vers le balcon situé à ma droite, ce qui me permets de contourner la foule de badauds. Je saute alors sur la balustrade tel un chat, puis cours les quelques mètres restant en tirant mes deux lames de duel au clair :
- Attention !, crié-je tout en sautant souplement sur l'assassin, qui n'est maintenant plus qu'à deux mètres de moi.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Mar 30 Avr - 14:41

Tu contournes les froufrous, les robes de soie et les costumes à la mode Montaginoise que les convives portent dans l’optique de rivaliser de bon goût. Un goût que certains pourraient juger criard, mais qui fait des ravages dans la noblesse d’Aquila et de ses environs. Un concert d’applaudissement accueille l’entrée du Prince, ce à quoi ce dernier répond avec une courte révérence faussement modeste. A ses côtés, sa nièce semble abasourdi, frêle esquif au cœur d’une tempête qui l’emportera à coup sûr.

Tu n’en as cure, focalisé sur l’assassin qui se dissimule sous les traits d’un courtisan s’approchant pour mieux observer le spectacle.

A ton cri d’avertissement, quelques convives se retournent vers toi, comme si tu faisais partie du spectacle donné par leur hôte, mais sans la moindre réaction. Au même instant, ta proie lève sa lame en direction d’Isham Ibn Raïzuli, au cri d’un retentissant « Liberté pour les Streghe ! ». Au moment où elle s’apprête à abattre son arme sur le diplomate Croissantin, ton plongeon depuis la balustrade te fait percuter l’agresseur dans le dos. Vous roulez tous deux au sol jusqu’à vous retrouver entre le prince Lucani et Isham Ibn Raïzuli. D’un bond leste, l’assassin se remet sur ses pieds pour te faire face tandis que tu te relèves tout aussi rapidement. A ta grande surprise, tu fais face à une femme portant une cicatrice au menton. Ta précipitation pour éviter le drame t’avait fait échapper ce détail.

Pas le temps de tergiverser, le femme fonce vers Isham qui fait quelques pas en arrière. Déjà les soldats de Lucani percent la foule sous le regard outré du maître des lieux, mais il sera trop tard pour Isham si tu n’interviens pas une fois encore.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Mar 30 Avr - 18:22

Focalisé sur le détail du poignard étincelant, j'en ai perdu l'ensemble du tableau, ce qui ne m'arrive d'habitude jamais. Je fulmine contre moi-même. La situation devient plus complexe encore, puisqu'il s'agit d'une de ces insurrections de femmes qui estimaient que les Streghe n'étaient que les instruments d'une Noblesse Patriarcale, ce qui était en vérité bien compréhensible...Une Vérité que j'avais jusque là gardé pour moi tout en tentant d'essayer de les aider.

Malgré ce que je peux penser des revendications de cette assassin et le fait qu'Isham n'y soit à mon avis pas totalement étranger, je ne peux me résoudre à lui en laisser payer le prix de sa vie, encore moins sans savoir de quoi il retournait réellement.

Fonçant pour m'interposer entre elle et sa cible, je tente de parer son coup de poignard et de la désarmer d'une passe de plat de lames de mon style personnel flamboyant aux épées jumelles. Un sourire enjôleur passe sur mon visage angélique, contredit par un regard dur de bretteur et duelliste confirmé :
- J'admets que la cérémonie était un peu ennuyeuse, mais là je trouve que vous allez un peu loin, Signora. Posez donc ce couteau, je m'en voudrais d'ajouter une nouvelle cicatrice à ce si ravissant visage...

Malgré mon calme et cette nonchalance apparente en tentant de la désarmer, il n'en est rien. A ce que j'en ai entendu murmurer dans les ruelles des bas-fonds, les défenseurs des Streghes sont de redoutables combattantes. Et je préférerais lui laisser la vie. Si l'occasion se présente, je lui laisserais sa chance de s'enfuir en me bousculant ou en simulant une simple gaucherie, si cela me semble crédible...
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Mar 21 Mai - 9:51

Lorsque la foule comprend que tout cela n’est pas une mascarade organisée par Lucani pour les distraire, des « Ooooh » outrés et des cris d’effraiement jaillissent. Tu n’en as cure, focalisée sur l’attaque de la Fille de Sophie. Croisant tes deux lames, tu parviens à bloquer le poignard de la femme à la balafre avant qu’elle ne touche l’ambassadeur du désert. Alors que tu provoques verbalement ton adversaire, tu prends mentalement note qu’elle évalue ses options sans réellement prêter attention à ta diatribe. En bretteur confirmé, tu lis aussi dans ses yeux qu’elle décrypte ta garde lâche et tes intentions à son égard.

Dans la seconde qui suit, elle porte une attaque en feinte à ton encontre avant d’effectuer une roulade sous tes lames que tu ne contres pas. Vos regards se croisent, puis, d’un bond leste, elle se remet sur pied et fend la foule apeurée jusqu’à l'extrémité de la terrasse. Sans hésitation, elle bondit dans le vide tandis que dans le même mouvement, elle lance une corde à crochet s’arrimer sur le rebord du parapet. Ceux qui se précipitent au balcon peuvent la voir atterrir agilement sur l’une des terrasses inférieures du palais et disparaître dans le bâtiment.

Ivre de colère, Lucani s’adresse à sa garde : « Qu’est-ce que vous attendez ? Trouvez-la et ramenez-la moi! Vivante !»

Il se tourne ensuite vers Ishim Ibn Raïzuli : « Ambassadeur, je ne sais comment vous présenter mes excuses devant cet acte odieux. Puis-je vous garantir que ce crime ne restera pas sans châtiments pour son auteur ? »

Encore abasourdi, le Croissantin balaie de la main le sujet et se contente d’un pragmatique « Vous n’y êtes pour rien, mon Prince ».

Les bruissements de la foule rappelle à quel point cette scène va alimenter les commérages d’Aquila dans la semaine à venir, et Lucani préfère couper court en invitant l’Ambassadeur dans un salon privé. A ta grande surprise, tu y es convié d’un impératif « Ramirez, avec nous ! »

Vous gagnez une bibliothèque privative du palais, encadrés par la garde personnelle de Lucani, tandis que Lucretia, elle aussi fortement escortée, est conduite vers un autre endroit . Tout en chêne des forêts Monataginoises, la bibliothèque s’élève follement vers un toit posé à trois-mètres au-dessus du sol. Chaque étagère, et elles sont nombreuses, est garnie d’ouvrages aux thématiques différentes, mais intéressantes du peu que tu prends le temps de regarder. Car Lucani vous installe dans un salon confortable au milieu de la bibliothèque sans vous laisser le temps de contempler la majesté de cet endroit.

« Ambassadeur Ibn Raïzuli, je vous présente à nouveau toutes mes excuses pour ce regrettable incident. Je ne sais comment ma garde a pu laisser l’auteur de cet attentat parmi les convives. Vous savez que vous êtes le bienvenu dans mon palais et dans Aquila, mais les événements de la soirée m’incitent à penser que nous devons précipiter votre départ ainsi que celui de Lucretia, pour votre protection. »

Ayant retrouvé tout son calme et sa lucidité, le Croissantin se fend d’une réponse aimable :

« Je partage votre appréciation, mon Prince. Si vous en êtes d’accord, je lèverai l’ancre dès demain aux aurores. » Le hochement de tête de Lucani vaut pour assentiment, mais ce dernier semble ne pas en avoir fini.

« Bien sûr, mais vous me permettrez une suggestion qui me tient à cœur. Cosmo Ramirez a prouvé sa valeur ce soir, et je me sentirai rassuré que celui-ci vous accompagne lors de ce voyage. Je redoute en effet que ces assassins ne s’en prennent de nouveau à vous ou à ma chère Lucretia. »

Le tout sans même que tu sois consulté ! Le plissement de paupières de l’Ambassadeur Croissantin est imperceptible, mais il ne t’échappe pas. Son visage se reompose pourtant presque immédiatement.

«  Ce serait bien sûr un honneur de compter un homme de cette qualité à nos côtés et c’est avec joie que nous l’accueillerons parmi les soldats de valeur qui m’ont accompagné jusqu’ici. ». Sur ces derniers mots, Ishim Ibn Raïzuli se lève et après une courte inclinaison de respect achève « Sur cela ne vous dérange pas, mon Prince, je vais me retirer pour préparer notre départ dès l’aube. » Puis à ton attention : « Je vous dis donc à demain Maître Ramirez. »

Pas encore invité à te te retirer, tu restes assis face au prince Lucani qui reste silencieux le temps que le Croissantin quitte la bibliothèque. Puis, il reprend sans ambages :

« Vous allez profiter de ce voyage pour observer et faire un rapport sur nos nouveaux alliés mon ami. Il faut que j’en sache plus. Le cas échéant, vous me sortirez Lucretia de leurs griffes si vous l’estimez nécessaire. Je pensais avoir plus de temps, mais les événements se précipitent et vous faites finalement le candidat parfait pour cela… »
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Lun 27 Mai - 19:38

Debout dans le salon de cette bibliothèque que je n'avais jamais exploré, j'écoute distraitement mais poliment la conversation tandis que mon esprit s'affaire . Les souvenirs de cette rencontre avec la fille de Sophie me hantent. Son regard intense laisse la place à celui de la si jeune Lucretia, escortée dans un lieu plus "sûr".

La condition des femmes avait toujours été un sujet tabou en ces terres de manipulateurs patriarcaux, surtout lorsque l'on évoquait les Streghes. Les Lucani étaient d'ailleurs passé Maîtres de l'utilisation de ces Sorcières du Destin afin de servir leurs intérêts, tout en faisant passer cette relation d'esclavagisme pour de la bienveillance. Un dégoût instinctif secouait mes entrailles lorsqu'il s'agissait de cette politique liberticide vis à vis du destin de ces pauvres femmes dont le seul tort était de pouvoir -à ce que l'on racontait ici- tisser les fils de la Destinée. Cela m'inspirait une aversion presque aussi grande que celle que me suscitait l'Inquisition.

Mais il avait fallu jusqu'ici composer avec les jeux de cours et la situation politique. J'avais plusieurs fois aidé certaines jeunes strega, et avait eu contact avec quelques filles de Sophie, m'attachant à celles qui désiraient résoudre le problème de façon plus pacifique que les extrêmistes qui pensaient que le chaos et les assassinats de certains membres de la Noblesse constituait une solution. Non que je ne comprenais pas leur désir de liberté et de justice, mais ces actions par trop passionnées et excessives aideraient ces Nobles à les faire passer pour des rebelles et des criminelles, et discréditeraient forcément leurs demandes pourtant légitimes. Du moins selon mon point de vue, que je savais ne pas être partagé par la majorité de cette Noblesse à laquelle j'étais affilié.

Mon attention est ramenée intuitivement vers Isham et Michele lorsque celui-ci me propose comme garde du corps à l'ambassadeur croissantin, sans même me consulter !

Je boue intérieurement, mais cette colère est vite remplacée par de la curiosité en observant la réaction de l'ambassadeur. Sa réponse vaut son pesant de Maîtrise de l'Art de la complaisance, me prouvant si cela était nécessaire qu'Ishim Ibn Raïzuli méritait son titre diplomatique.

Pour ma part je me contente de hocher la tête à son salut : "Vos compliments me touchent, et je tacherais de m'en montrer digne. Ce sera un réel honneur de pouvoir découvrir les lointaines contrées qui sont les vôtres, surtout en compagnie d'un homme aussi fin et cultivé que vous l'êtes...Que votre nuit soit paisible, Ambassadeur Raizuli.", finis-je sur un ton plus protocolaire que lors de notre précédent échange, mais compensé d'un sourire franc où transparaît ma sympathie à son égard.

Je laisse le croissantin se retirer, fixant Michele d'un air mi-figue mi-raisin, frottant légèrement l'index et le majeur de ma main gauche, comme à chaque fois que mes pensées s'envolent. La situation est assez explosive, et le fait que le Signore Michele Lucani troisième du nom ne m'ait pas congédié me laisse penser que le Noble avait d'autres idées en tête qu'une simple garde rapprochée, ce dont semblait aussi se douter Isham. Il allait falloir se montrer subtil. Et malheureusement pour moi, ça n'avait jamais été mon fort.

Le silence est tranché par ce ton étrange que Michele prenait toujours en s'adressant à moi. Comme si j'étais son vassal aussi bien que son homme de confiance. L'on pouvait reprocher bien des choses au Prince Lucani, mais il s'y entendait lorsqu'il s'agissait d'obtenir ce qu'il désirait.

A la fin de son explication, je me contente de me tourner vers un des rayonnages de la bibliothèque, caressant doucement les tranches de cuirs rouges de gros volumes sur l'Histoire d'Aquila par un historien Vodacce célèbre : "Et bien Mon Prince, c'est un véritable honneur que vous m'estimiez à la hauteur d'une telle tâche. Je suis votre obligé, vous le savez. Votre famille m'a recueilli et élevé. Vous avez pris soin de moi, et m'avez même permis de trouver ma propre voie hors de la Cour. Je serais l'éternel débiteur des Lucani, et ce sera bien sûr un privilège de vous rendre ce service...", je marque une courte pause, semblant soupeser mes paroles : "Pardonnez ma franchise, mon Prince, mais...Que se joue-t-il réellement entre vous et la tribu du Croissant ? Et quel rôle attendez vous que je joue exactement pour vous ? Pour l'instant tout ce que je sais est qu'une alliance entre nos deux nations semble être en passe d'être conclue. Des épices aux vertus guerrières contre l'avantage d'un mariage avec une Sorcière Vodacce...Mais si cette alliance est aussi limpide que les eaux de la mer de la veuve, alors pourquoi penseriez-vous un instant que votre nièce puisse avoir besoin d'être secourue de leurs "griffes" ? Simple méfiance de votre part ? Excusez ma naïveté, Majesté, mais vous savez que je ne suis qu'un humble Maestro, bien loin des subtilités de nos Cours...". Encore une pause tandis que je me retourne vers Michele, scrutant sa réaction, un sourire quelque peu nonchalant flottant sur mes lèvres. Autant pour la subtilité, me dis-je avec une pointe d'ironie intérieure autant que de dépit sur mon cas.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Mar 4 Juin - 9:08

Un sourire amusé aux lèvres, Lucani s’adosse un peu plus sur le siège qu’il occupe depuis que vous vous êtes installés dans la bibliothèque.

- Vous avez une façon de dissimuler votre ruse derrière de la candeur tout à fait récréative, Cosmo. Vous auriez pu faire un excellent adversaire dans le grand jeu si je ne m’étais arrogé votre fidélité en vous hébergeant parmi nous. Je me réjouis de cela, croyez le bien.

Il saisit une carafe emplie d’un liquide ambré posée sur une tablette à la droite de son fauteuil  et en sert deux verres. Il te tend le tien, et l’odeur fruitée qui s'en dégage t’emplit instantanément les narines. Pour en avoir déjà bu, tu sais qu’il s’agit d’un vin issue des coteaux des vallons ensoleillés de l’arrière-pays d’Aquila. Celui-ci est cependant un cru comme tu n’en as jamais eu l’occasion d'en savourer. Lucani vide sa coupe d’un trait puis son regard se perd sur les murs de livres qui ornent la pièce.

- La Théah panse ses plaies de la guerre de la Croix, mais déjà certains lorgnent sur les pays voisins. L’Inquisiteur Verdugho souhaite étendre l’emprise de l’église de Theus sur l’ensemble du continent, Léon Alexandre de Montaigne est imprévisible sur de nombreux points, mais pas sur ses volontés hégémoniques, et on prête de nombreuses intentions de conquête de la République Samartienne par le Général Hiver… Bref l’époque s’annonce des plus plaisantes pour qui a fait du commerce son art de vivre. Mais pour remporter la guerre du commerce, il faut une arme supérieure à ses concurrents.

Il marque une pause, pour se resservir un verre de vin, qu’il prend cette fois-ci le temps de déguster.

- C’est là qu’intervient ma première rencontre avec Isham Ibn Raïzuli et une proposition qui méritait mon attention. Une drogue décuplant la puissance des hommes pour combattre contre l’une de nos Strega. Pas n’importe laquelle cependant, ma nièce. Même vous qui n’êtes pas porté sur le sujet, j’imagine que vous mesurez les gains potentiels de revente d’une telle drogue dans la situation tendue de notre continent… De quoi élever les Lucani comme la famille princière dominante en Vodacce! Se laisse-t-il ajouter avec un brin de rêverie avant que son visage ne se referme. Mais il ne sera pas dit que le Prince Lucani est un imbécile. Ces bédouins en savaient beaucoup, trop même, sur ma famille et la puissance de nos Streghe pour que leur proposition ne cache pas quelque chose. Est-ce une manipulation d’un autre Prince ? Un moyen pour les Croissantins d’envahir la Vodacce ? Une tentative d’asservir les Lucani ? Inutile de préciser que l’attentat visant l’Ambassadeur Ibn Raïzuli, qu’il soit feint ou non, m'enjoint à la plus grande prudence.

Son regard revient enfin vers toi, tandis qu’il boit une gorgée du nectar qu’il t’a servi un peu plus tôt :

- L’opportunité qui m’est offerte est trop belle pour ne pas la saisir, mais je ne vais pas plonger aveuglément dans un possible piège. Et c’est là que vous intervenez, Cosmo. Observez, apprenez et rendez-moi compte.Telle est la mission que je vous confie en échange de ce que ma famille a fait pour vous.

Il se tait. Tu as assez d’expérience du personnage pour comprendre qu’il vient de t’attribuer une confiance remarquable pour te livrer toutes ces informations. Tu en as aussi suffisamment pour savoir qu’il ne t’a pas tout dit.

- Voilà, Maestro Ramirez, j’espère que cela répond à vos interrogations. J’ai maintenant à faire. Vous voudrez bien prendre congés.

Te voilà de nouveau simple courtisan face au Prince congédiant ses sujets. L’heure est venue de quitter l’endroit.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Jeu 13 Juin - 10:04

J'observe Michele un instant d'un oeil bleu circonspect, avant de lui offrir un sourire aussi affable qu'un véritable Lucani après m'être incliné humblement :
- Merci de votre confiance, Monseigneur. Je ne vous décevrai pas...

Puis je tourne les talons de mes bottes en cuir montantes vers la porte que je ferme avec autant de douceur que ce que mes pensées sont agitées. Non que les manipulations de cour me fussent étrangères, mais celles-ci semblaient d'un tout autre acabit, et j'avais toujours mal supporté d'être le bouc émissaire et l'ignorant.

Descendant quatre à quatre les marches de marbres blanc de l'escalier de la tour de la bibliothèque, je me concentrais sur la tache à venir. Espionner Isham me mettait mal à l'aise, mais j'avais juré fidélité à cette famille qui avait tant fait pour moi, et je comptais bien tenir mes engagements. Si l'ambassadeur croissantin était assez mal avisé pour avoir de mauvaises intentions, il le paierait. Mais si tout ceci n'était qu'un écran de fumée et que j'étais une simple quantité "négligeable" de cette équation...Je chassais cette pensée pour l'instant, considérant que rien pour le moment ne me permettait de tirer de telles conclusions à la hâte, même dans un contexte de cour aussi agité.

Finissant de traverser le grand jardin de la cour et descendant vers la ville, mes pensées revinrent sur l'attaque des Soeurs de Sophie. Une attaque qui pouvait certes avoir un sens. Mais quelque chose me gênait. C'était une attaque bien trop risquée pour son instigatrice, surtout pour sauver une seule Stregha. Et son intrusion ressemblait soit à un message soit à une mise en scène. Probablement dans le but de faire partir Isham au plus vite...Mon esprit n'avait de cesse de buter contre des incohérences, et je n'aimais pas les incohérences.

Mes pas m'avaient dirigé vers mes pensées, mais je devais d'abord m'assurer de ne pas être suivi, et semer les éventuels espions de Michele et d'Isham (jet de ce que tu voudras (perception, au hasard ?), je fais trois fois le tour du quartier du port avant d'y entrer uniquement lorsque je suis aussi sûr que possible de ne pas être suivi).

Une fois ceci fait, je me dirige dans le dédale des ruelles du port, dans les odeurs d'embruns et les cris des marins déchargeant leur cargaison, pour finalement arrêter mes pas devant ce qui aurait pu sembler être une taverne parmi d'autre, décorée d'une simple enseigne en bois : L'albatro nero.

J'ouvre le battant presque cassé de la porte usée qui laissait passer les rayons du doux soleil couchant, pour pénétrer avec eux dans la salle sombre mais assez spacieuse de ce qui est en réalité un lieu de rendez-vous lorsque je cherchais à contacter les filles de Téofila, la faction la plus pacifique des Soeurs de Sophie.

M'avançant vers un comptoir qui était à l'avenant du reste de ce modeste établissement pour Marins esseulés, je regardais le tenancier avec un sourire avant de lui annoncer en m'accoudant :
- "Una birra per favore, Maestro...", tout en tendant ostensiblement une pièce pour le payer. Mais pas n'importe quelle pièce. Une pièce qui était frappé d'un symbole très particulier. Celui des soeurs.

C'était à la fois mon signe de reconnaissance et une demande d'audience urgente. J'avais promis de ne m'en servir que si c'était important, et même si je ne savais pas encore tout ce que cette attaque pouvait impliquer, il me semblait que cela l'était assez pour y requérir.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Ven 21 Juin - 9:32

Une fois le palais derrière toi, tu descends les rues de L'Aquila en direction du port, véritable poumon de la ville. Ta marche est accompagnée par le bruit continu des eaux de source qui circulent dans de complexes systèmes d’aqueduc qui irriguent en eau douce tant les habitations que les fontaines des nombreuses places qui jalonnent la ville. Ces dispositions confèrent à Aquila un aspect aéré peu commun aux villes de la Téah. Conçues par strates concentriques, la ville des Lucani s’élève des constructions datant de l’ancien empire autour du port fortifié, vers celles plus récentes qui grimpent sur le mont de L’Aquila jusqu’au palais du Prince. A rebrousse-poil de l’historique de construction de la ville, tes pas prudents te mènent en direction du port. Sur la place d’Il Anfeatro, tu prends soin de faire le tour par deux fois de l’édifice massif et circulaire qui a donné le nom à la piazza pour t’assurer que personne ne te suis. Comme depuis ton arrivée dans cette cité, et malgré ton empressement, tu ne peux qu’admirer les Stèles de pierres ornées de motifs représentant des scénettes de l’Ancien Empire Numanaris, à la mode Opere di commessi typique de l’Aquila.

Rassuré sur l’absence d’une éventuelle filature, tu poursuis ta route toujours plus avant vers le cœur de la ville. Ici les bâtiments se font plus modestes, même si très anciens, et l’odeur marine envahit les rues dallées de larges plaques de pierre patinées par des siècles d’activités. Les rues bruissent encore d’une certaine activité ici, à la différence des hauts-quartiers. Ta promenade crépusculaire trouve son issue lorsque tu pénètres dans l’ « Albatro nero ». Tu passes commande auprès du tavernier, un grand échalas à la calvitie prononcée et au sourire rare. Il prend la pièce sans qu’aucune réaction ne se manifeste sur son visage austère.

- Pronto, Répond-t-il. Alors qu’il te prépare ta choppe, il ajoute : Vous devriez aller dans l’arrière salle. Les marins du « Nerval vaillant » ne vont plus tarder et ils feront à coup sûr du bruit qui pourrait déranger votre dégustation, Mon Seigneur.

Il t’indique d’un geste du menton une porte à l’arrière de la salle. Une fois servi, tu en prends la direction et passe dans une pièce aux dimensions modestes. Une table au bois fatigué et un banc unique en constituent le seul mobilier. Une deuxième porte, située à l’opposé de celle par laquelle tu es entrée, est pour l’instant close. Sans réelle instruction, tu t’installes sur le banc et bois une gorgée de ta chopine en bois. Sans être savoureux, le liquide ambrée fait le travail. Tu n’as pas le temps de porter à nouveau la boisson à tes lèvres que la seconde porte s’ouvre sur une silhouette portant une capeline à capuche. L’arrivante, puisqu’il s’agit d’une femme, ne garde pas longtemps le mystère sur son identité puisqu’elle découvre sa tête immédiatement pour dévoiler un visage portant une cicatrice au menton. Celle que tu as laissé filer et que toute la garde de Lucani recherche se tient tout simplement face à toi!

- Vous avez demandé à nous rencontrer, Maître Ramirez?
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Mar 2 Juil - 15:23

Faisant tourner la chopine comme pour en savourer les arômes, mes doigts tapotent inconsciemment sur le bois de châtaigner usé dans ce clair-obscur presque apaisant. Montant la chope jusqu'à ma bouche, mes yeux s'écarquillent légèrement une seconde et je repose la chope, observant fixement un instant la femme à qui je venais de sauver la vie de pied en cape, tout en continuant mon tapotement involontaire.

Mon expression énigmatique s'illumine alors d'un fin sourire et mes mains se joignent pour applaudir trois fois :
- Bra-vo !

Je laisse un silence, puis reprends un ton plus bas en lui affichant un air narquois :
- Quelle diligence, Signora...Oui, effectivement, j'ai demandé audience aux plus modérées des deux sœurs pour connaître la raison qui aurait pu les pousser à cet acte...Extrême et dangereux pour l'assassin qui l'exécutait. Mais je ne m'attendais pas à vous voir apparaître en personne. Voilà qui me facilitera la tâche...

Je laisse planer un autre silence en joignant mes mains, regardant mes deux index se joindre. Cette femme ne dira rien si je ne suis pas totalement franc. Je relève alors le regard :
- "Oh, oui. Ma question. Elle est relativement simple : pourquoi avoir fait ça ? Je pensais que les filles de Téofila n'étaient pas des assassins ? D'autant plus à une cérémonie de la Cour et en pleine journée...A moins évidemment que tout ceci ne soit qu'une mascarade servant vos intérêts ou ceux d'un commanditaire, ou...Que vous n'agissiez seule..?, dis-je tandis qu'un sourire s'étire un instant sur mon visage aux traits réguliers :

- "Je peux comprendre que vous ne me fassiez pas confiance. Après tout, je suis un réfugié Lucani. Mais les Soeurs connaissaient ma mère et mon père, et leur penchant pour la liberté. Et je pense qu'il serait dans notre intérêt mutuel de ne plus se faire de cachoteries, attendu que je viens d'être engagé à la protection de l'Ambassadeur Raizuli et de Lucretia pendant leur voyage...Et nous savons tous les deux que vous êtes une bonne escrimeuse, mais votre poignard ne vous aurait pas sauvé là-bas. Moi, si. Je ne vous veux aucune mal. Je ne demande qu'une chose. La vérité."

Je lui esquisse un autre sourire franc en la fixant d'un regard étrange, à la fois intense et vague.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Ven 5 Juil - 11:54

« Vous avez une langue aussi acérée que votre lame, Cosmo Ramirez ! » répond la femme avec un sourire mi-figue, mi-raisin. Sans quitter sa station debout à un mètre de ta position, elle te considère un long moment, comme pour mieux t’évaluer.

- J’ai connu votre mère, avant même qu’elle ne quitte la Vodacce pour la Castille. Bien avant de porter le nom de votre père, elle s’appelait Fabrizia… Lucani. J’étais la fille de sa gouvernante. Je me rappelle d’une femme douce et à l’intellect aiguisé. Elle était également la Streghe la plus puissante de son époque.

Elle marque une pause, comme pour mieux te laisser le temps d’absorber ses dires. Tu remarques alors que celle qui te fait face est en effet une femme approchant de la quarantaine, malgré sa vigueur physique.

- Les Lucani ont la réputation d’être la famille princière la plus libertaire avec sa population féminine et ses Streghe. Mais la puissance de Signora Fabrizia Lucani était telle que son père s’est comporté comme un tyran Vodacci avec elle. J’en ai été témoin. L’ascension et la légitimité rapide des Lucani comme famille princière sont sans nul doute liés à la puissance du don que possédait votre mère. Témoin des capacités de votre mère et de l’utilisation qu’en faisait son géniteur, la Mère supérieure Teofila di Tamamello mis en place un stratagème pour exfiltrer votre mère vers la Castille avec la complicité d’un noble Castillan :  Rafael De Lorenzo Santos Ramirez. Je suppose que les liens qui se sont tissés entre eux sont devenus plus forts que ceux unissant une réfugiée et son bienfaiteur, puisque vous en êtes un témoignage vivant.

A nouveau une pause, tandis qu’elle s’avance cette fois-ci plus près de la table, sans te lâcher du regard.

- Pourquoi est-ce que je vous conte l’histoire de votre mère ? Pas pour vous retracer vos origines, Cosmo Ramirez, mais pour que vous compreniez les enjeux de ce qui se trame. Depuis 30 les filles de Sophie surveillent les femmes de la famille Lucani, avec l’intuition que le pouvoir de Signora Fabrizia Lucani ne resterait pas orphelin. Notre intuition était la bonne, mais nous ne l’avons réaliser que trop tard. Lorsque nous avons compris que Lucretia était l’héritière de la Stregha de votre mère, Michele Lucani l’avait déjà promise à cette tribu de l’Empire du croissant. Michele est bien plus rusé que son père, et il a fait en sorte de nous aveugler sur sa nièce. Sur votre cousine.

Elle prend une longue inspiration, qu’elle relâche dans un soupir qui laisse transparaître de la lassitude.

- Les Lucani ont la mémoire longue. Vos parents sont décédés dans un accident de calèche, n’est-ce pas ? Ne vous êtes-vous jamais demandés s’il s’agissait d’un simple incident ? Et le fait que vous vous retrouviez à vivre ici, auprès de votre oncle le Prince Michele Lucani est-il un simple hasard ? Nous ne le croyons pas, la puissance de la Stregha est bien trop prégnante en Vodacce pour ce soit le cas… La Mère supérieure Teofila di Tamamello connaît votre sympathie pour notre cause, et votre ascendance la pousse vous faire confiance. Lorsque nous avons compris que Lucretia serait échangée comme une vulgaire marchandise, il était trop tard pour que nous puissions la sortir des griffes de ce marchandage odieux. Il nous fallait alors glisser un protecteur auprès de Lucretia, un agent qui pourrait démêler l’écheveau de cette intrigue et en comprendre le sens. Aucune d’entre nous n’est assez proche du Prince pour pouvoir être intégré à ce voyage, vous êtes celui qui pouvait le mieux répondre à nos contraintes. Il fallait donc donner un coup de pouce à la destinée, et je n’ai été que l’exécutante du tissage réalisée par la Mère supérieure. Elle savait que vous seul dans cette foule de laquais réagiriez et que votre sens tout Castillan de l’honneur m’épargnerait.

Elle sourit enfin.

- Lucani nous a trompé avec Lucretia, mais il était prévisible qu’il réagirait à cette tentative de meurtre factice en précipitant le départ de sa nièce. Nous savions depuis le début qu’il cherchait un moyen d’envoyer un de ses hommes pour accompagner Lucretia. Nous n’avons fait que lui en donner les moyens et lui mettre la bonne personne sous le nez.

Elle te fixe lorsqu’elle ajoute :

- Parce que la Mère supérieure est convaincue que vous êtes la bonne personne, Cosmo. Et si ce n’est pas le cas, je jure sur Théus de vous en faire payer le prix, dit-elle avec un léger rictus. Vous êtes sur le départ pour une terre inconnue, tentez de comprendre ce qui se trame entre Michele Lucani et cette tribu. Et protégez Lucretia, votre cousine ne mérite pas d’être une vulgaire marchandise remise dans les mains d’une tribu barbare.

Pensive, ses derniers mots semblent autant adresser à elle-même qu’à toi :

- Comme vous le savez, Michele n’a pas de descendance. Quant à la cadette, Agnese, elle n’a eu que trois filles dont Lucretia. Fabrizia vous a eu vous. Je vous laisse en tirer la conclusion qui s’impose.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Mer 24 Juil - 17:04

Souriant à sa remarque sur mon verbe acéré, j'écoute patiemment, la tête légèrement penchée, la réponse de cette Soeur qui pourrait finalement être ma mère.

C'est alors qu'elle m'abreuve de révélations. Anticipant que ces révélations allaient être importantes,  mes yeux s'écarquillent vaguement et mes doigts tapotent nerveusement l'histoire jusque là méconnue de ma propre existence. Fabrizia Lucani. Tellement d'implications. Je me sens soudain extatique, et comme à chaque fois que cela m'arrive, le rêve franchi la frontière de la réalité dans mon monde intérieur.

Un vieil homme apparait dans la pièce, la main levée vers une silhouette féminine indistincte. La vision s'estompe laissant la place à une femme de dos, filant devant un rouet une trame complexe pour les Lucani. Elle se lève alors et dans un nuage de brouillard se retrouve sur un navire en direction de la Castille, l'Ombre de mon père apparaissant à ses côtés. Et enfin un nourrisson. La vision s'estompe, alors que je retrouve le visage de la Soeur qui me fait face, continuant ses confidences.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles étaient révélatrices. Les fils de la Destinée manipulés, un complot organisé. La mort de mes parents. Mon retour en terre d'asile au sein des Lucani. Et enfin cette ultime manipulation pour sortir celle qui était ma cousine d'une servitude qu'elle connaîtrait dans le Désert, et me faire venir jusqu'à elles...

Tout ceci était tout simplement ahurissant, et je restais coi pendant tout son monologue, arrivé quelques instants auparavant à la même conclusion que celle qu'elle m'assène.

Je suis un héritier du "Trône" Lucani.

Je suis intérieurement effaré. Moi qui avais toujours cherché l'anonymat de mon atelier et l'humilité de ma condition qui me convenait parfaitement, je me trouvais en fait au centre de toute la lignée des Lucani.

Je laisse planer sa conclusion dans la semi obscurité de la petite salle, un air énigmatique habitant mes traits tandis que je réfléchis à la possibilité d'un mensonge très élaboré de la part de la femme qui me faisait face. De la femme qui disait avoir connu ma mère.

Finalement, mon tapotement cesse enfin et je hausse un sourcil :
- Eh bien. Je n'en espérais pas tant, je dois l'avouer..., dis-je d'un air mi-figue mi-raisin en l'observant attentivement : ...Donc si cette bière n'est pas droguée et que je ne suis pas en train de faire un mauvais songe, vous m'annoncez comme si de rien n'était que non seulement les évènements les plus importants de mon existence sont le fruit d'une subtile manipulation de la Destinée, mais que je suis le dernier héritier de la lignée Lucani...C'est...Assez destabilisant. Et dur à croire...

Je plante mon regard vert dans le sien, évaluant sa réaction. Mais la femme est calme, comme si tous ces secrets lui avait longtemps pesés.

Je reprends une lampée de ce qui n'est pas vraiment un nectar, puis pose ma chopine lève un visage plus amical vers elle :
- Je ne sais que penser de vos révélations. Mais pour une raison que j'ignore, vous m'inspirez confiance. Et j'ai appris à mes dépends que l'instinct vaut autant que la Raison. Alors disons que je vous crois, Signora....?

Après son éventuelle réponse, je poursuis en me levant :
- Je vous tiendrais au courant de mes avancées, et je ferais le jour sur toute cette histoire. Et dites à la Mère supérieure que je la remercie. Pour tout. Et merci à vous pour ce récit et votre sympathie envers ma mère. Je suis sincère.

Si elle n'a plus rien à ajouter, je m'en retourne d'un pas lent qui n'est pas dans mes habitudes vers mon chez moi, mon précieux atelier, pour y réfléchir et me reposer avant de tenter de survivre à toutes ces machinations infernales, et peut-être résoudre cette énigme de mes origines, ce qui me semblait déjà un projet intéressant, au moins pour demain.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1Jeu 25 Juil - 10:34

La Sœur de Sophie se contente de hausser les épaules devant ton scepticisme bien légitime :

- La bière de Roberto n’est pas droguée, tout au plus coupée à l’eau pour améliorer son gain quotidien. Et s’il s’agit d’un mauvais songe, vous feriez bien de vous réveiller rapidement, car je n’ai fait que vous décrypter la réalité.

Elle fait une moue d’impatience :

- Vous avez grandi en Castille, mais en Vodacce, la destinée est manipulée par la puissance de la Stregha, cela fait partie de vie de tous les jours. Rien n’est dû au hasard et c’en sera ainsi tant que les Princes abuseront du pouvoir de leurs femmes sans les libérer de ce fardeau. Vous avez le droit de ne pas me croire ou de me faire confiance, Cosmo Ramirez. Mais vous n’avez pas le droit de ne pas vous soucier du destin de votre cousine.

C’est sur ces derniers mots que tu quittes l’Albatro Nero, en proie au doute et aux questions innombrables des révélations de la Sœur de Sophie.

Toujours prudent sur le chemin du retour vers le Palais, tu te retournes plusieurs fois et fais des détours, avec le sentiment prégnant d’être épié sans jamais déceler la moindre filature. Arrivé dans ta chambre sans encombre, tu finis par céder aux limbes du sommeil et de la fatigue.
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MessageSujet: Re: Shai-Hulud    Shai-Hulud Icon_minitime1

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