Le Venin du Scorpion
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 Stranger in a strange land

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Masika
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MessageSujet: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Lun 29 Juil - 9:04

Il fait encore nuit lorsque la gouvernante vient te tirer d’un sommeil sans rêves. Tu as la rude impression que tu viens à peine de poser la tête sur ton oreiller de plumes. Vaseux, tu rassembles rapidement quelques affaires en vue d’un départ immédiat car tu te sais en retard. Dévalant les escaliers et méandres d’Aquila qui mènent au port, tu as l’impression tenace de ne pas être prêt, que tout cela est bien trop précipité. Lorsque tu arrives au port privatif du Prince Lucani, les premiers rayons du soleil scintillent déjà sur les flots et un vent léger emporte des embruns jusqu’à ton visage.

Le carrosse princier est déjà là, mais pour autant que tu puisses en juger, ses occupants n’en sont pas encore descendus. Debout devant une planche permettant de monter à bord du Boutre qui est accosté à la jetée en eau profonde, Isham Ibn Raïzuli porte une djellaba bleue au tissage moins ouvragé que celle de la veille, ainsi qu’un simple turban sur la tête. Affublés du même accoutrement, deux hommes au teint basanés se tiennent les bras croisés derrière le diplomate, portant une lame courbe à la ceinture. Encore un pas derrière, une vieille femme aux traits ridés et tannés par quelque soleil cuisant patiente également. Sur le pont du boutre, d’une dimension qui te fait dire qu’il s’agit d’un Baggala d’après ce que tu as pu lire sur le sujet, les marins s’affairent aux derniers préparatifs pour le départ.

Choisissant la discrétion, tu te joins aux obséquieux notables qui se sont pressés autour du carrosse. La porte de ce dernier s’ouvre sur le Prince Lucani dans une tunique blanche éclatante. Il tend alors la main à sa nièce qui descend à son tour , toute de noir vêtue comme pour mieux  contraster avec le seigneur d’Aquila. D’un pas mesuré mais ferme, Isham s’approche du couple et Lucani lui offre alors la main de Lucretia en déclamant pour être entendu par tous :

- Par ce geste, Ambassadeur, que soit scellée l’allliance entre la Famille Lucani et le Qualibat al-Sajin.
- Qu’il en soit ainsi fait, répond Isham sur le même ton solennel.

Une salve d’applaudissement poli vient saluer ces déclarations et Lucretia, tête baissée, gagne le pont sans même se retourner une fois, escortée par la vieille femme de l’escorte d’Isham. Ce dernier, après s’être incliné rapidement en guise de salut pour le Prince Lucani s’apprête également à gagner son navire. Tu juges le moment opportun pour te glisser à sa suite, non sans remarquer le regard scrutateur que te lance Lucani. Isham se retourne à ton arrivée, et un sourire naît au milieu du sérieux de son visage:

- Maitre Ramirez, j’ai bien cru que vous nous feriez faux bond. Bienvenue à bord du Foudroyant!

Alors que les marins, que tu évalues à une quarantaine d’hommes, commencent la manœuvre pour quitter le port d’Aquila, Isham se tient près du bastingage tandis que les Vodacci commencent déjà à quitter la jetée après cette courte cérémonie. Lucretia a semble-t-il préféré gagner immédiatement sa cabine. Le Prince Lucani observe un long moment votre embarcation tandis que vous dérivez lentement. Puis, les voiles portant l’insigne d’un scorpion en position d’attaque sont déployées pour profiter de la brise matinale légère et vous gagnez de la vitesse.

A ton tour, tu vois la ville qui t’a abritée depuis si longtemps s’éloigner. Splendide construction étalée depuis l’océan jusqu’au sommet du Mont d’Aquila. Un léger pincement étreint ton cœur. Isham vient troubler ta rêverie empreinte de nostalgie.

- Souhaitez-vous que je vous conduise à votre cabine ? Nous pourrions ensuite déjeuner de fruits frais et deviser.
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Faust
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Jeu 29 Aoû - 12:52

La tête encore dans ce sommeil sans songe, mon esprit engourdi cherche ses marques tandis que je réunis diligemment ma toilette et quelques affaires utiles avant de me précipiter dans les escaliers tel un tourbillon de blanc et de pourpre, mon écharpe assortie flottant dans les ruelles. Je calme cette impression persistante de n'être pas assez préparé à ce voyage, finissant par en arriver à la conclusion que personne ne peut être correctement préparé à découvrir qu'il est l'héritier direct d'une lignée Noble,   que sa cousine est au centre d'une probable machination politique entre sa lignée et les Croissantins, et qu'il allait devoir laissé sa ville natale du jour au lendemain pour des Terres lointaines et inconnues...

Arrivant juste à temps pour assister à la cérémonie. Dans les embruns qui fouettent agréablement mon visage anonyme, les réactions de chaque participant et la présence de ce qui me semble être une servante étrange de notre Ambassadeur se gravent dans ma mémoire.

J'attends donc la fin de ce rituel hypocrite destiné à rassurer autant qu'à informer la populace, puis décide de monter à la suite d'Isham, qui m'accueille d'un sourire et d'une phrase.

Je le salue à mon tour, observant le pont du boutre :
- Ambassadeur, je suis flatté d'être votre compagnon de voyage sur ce superbe navire...Impressionnant.

J'observe les marins qui commencent à manoeuvrer, imitant l'ambassadeur lorsqu'il s'accroche au bastingage, observant mon pays et ma ville d'adoption s'éloigner avec un pincement que je n'aurais pas cru vivre un jour. J'observe Lucretia gagner sa cabine, puis une forme de nostalgie m'accapare un instant qui semble durer une éternité avant qu'Isham ne brise ma rêverie.

Je souris en retour de sa proposition :
- J'en serais ravi, en effet. Cela me changera des seules "devises" sonnantes et trébuchantes que connaissent la Noblesse Vodacce...

Je le laisse alors m'accompagner, lui laissant les blancs dans cette partie qui s'annonce assez rude malgré l'air bonhomme de l'Ambassadeur Croissantin.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Jeu 3 Oct - 9:02

Le visage charpenté d’Isham s’ouvre en un large sourire à ta dernière remarque et ta façon de jouer sur ses propres mots.

- L’esprit acéré est prompt à déceler les failles de ses congénères, dit-il sur un ton léger mais avec une conviction que tu sens réelle.

Vous quittez le pont du Baggala, tandis que l’émissaire te conduit dans les quartiers situés à l’étambot. Il te présente une chambre à l’espace réduit mais paraissant aussi confortable que possible sur un navire et dans laquelle tu déposes tes maigres effets, avant que vous ne gagniez un espace plus large où s’étend un long tapis aux motifs complexes. Il t’invite à prendre place directement dessus, comme il le fait lui-même, à proximité d’un large plateau en étain sur lequel sont distribués quelques victuailles : amandes, fruits secs et dattes en constituent la majorité. Isham te sert ensuite un petit gobelet plein d’un café fumant. Il garde le silence pendant quelques temps, semblant savourer ce petit déjeuner frugal mais goûteux. Lorsqu’il prend la parole, son ton est beaucoup plus tranchant.

- Je vais être franc avec vous, Maître Ramirez. Vous êtes une anomalie dans ce qui était un contrat aux termes clairs entre votre Prince et notre Walï. Je pense comprendre assez facilement les intentions du Prince Lucani dans votre présence aux côtés de sa nièce. J’ai plus de mal à comprendre les vôtres. Je ne vous perçois pas comme homme à obéir sans discernement. Peut-être êtes-vous rusé comme le renard du désert et bernez-vous l’acuité de mon esprit vieillissant, mais j’en doute. Je ne perçois pas en vous le venin du serpent que l’on décèle assez facilement chez le Maître d’Aquila en sa présence.

Ses yeux sont rieurs lorsqu’il observe ta réaction devant cette provocation manifeste, avant qu’il ne poursuive :

- Je ne vous demande pas de fournir une réponse à l’interrogation qui est mienne, mais je voulais en revanche vous avertir. Nous autres gens du désert n’avons pas le temps pour les jeux de cour qui vous sont culturels. Notre pays est rude et âpre. Magnifique par certains aspects aussi. Nous avons nos intrigues certes, mais la vie dans le désert nous oblige à nous serrer les coudes sous peine que celui-ci ne nous dévore. Je ne vous laisserai pas rompre l’unité de notre tribu, soyez-en sûr. Tout comme je ne vous laisserai pas seul à affronter le désert si votre cœur est pur et vaillant. De cela je fais le serment devant Sanaea.

Il fait à nouveau silence, tandis que le roulis du bateau se fait plus fort, signe que vous avez dû quitter le détroit d’Aquila pour vous engagez vers la mers des Confins Numanaris. Lorsqu’il reprend la prarole, son ton s’est adoucit :

- Et pour accomplir ce serment, je me dois d’abord de vous instruire sur les terres que vous vous apprêtez à rencontrer. Alors profitons de ces instants pour que je puisse vous donner des réponses à des questions que j’imagine nombreuses ? achève-t-il avec un haussement de sourcils.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Dim 6 Oct - 20:23

Je souris à mon tour. Cette franchise qui me ressemble est rafraîchissante lorsque le quotidien des cours d'Aquila consiste en intrigues politiques et en manipulations. Ce genre de discours aurait tout aussi bien pu sortir de ma bouche, et je dois avouer apprécier cet homme même si je ne connais finalement rien de lui. Mais je sais aussi que mes choix d'amitiés se sont souvent trouvés déçus.

J'attends la fin de sa dernière phrase pour lui répondre sur un ton badin :
- Innombrables, en effet, mon cher Ambassadeur..., dis-je avec un grand sourire. Mais mon visage se fait plus sérieux, et j'annonce d'une voix déterminée :
- "Mais avant d'aborder avec vous tous les aspects de vos mystérieuses et magnifiques contrées, je tenais à vous répondre avec une franchise au moins égale à la vôtre...Un silence passe, puis je reprends en le fixant clairement dans les yeux : "Tout d'abord, sachez que je ne suis qu'à moitié Vodacci, et malgré mon éducation je ne suis pas un homme intéressé par les intrigues de cours et les ronds de jambes, comme vous avez sûrement pu le constater...", ajouté-je avec une expression désarmante qui change rapidement pour revenir à un ton plus formel : "...Je suis par contre généralement assez doué pour les éviter...Ou les résoudre. Quant à la famille Lucani, disons que je leur dois tout, et que ce genre de dettes ne s'efface pas en peignant quelques toiles flatteuses...". Mon sourire est léger, mais mon attitude montre tout le sérieux et la sincérité de mes paroles.

Je passe nonchalamment ma main dans mes cheveux : "Ce qui nous amène donc à ma présence ici. Je n'ai pas encore tous les tenants et aboutissants de ce qui se joue entre nos deux "clans". Et pour tout vous dire, tant que cela ne menace pas la famille qui m'a prise sous son aile, je me contenterais d'être un Noble gentilhomme dévoué envers Lucrétia, quels que soient les périls qui pèsent sur elle. Et je m'assurerai personnellement qu'elle est correctement traitée..."

Après tout, il s'agit de ma cousine, même si je n'en avais jusqu'ici aucune idée...

Je laisse planer un léger silence encore une fois avant de finir ma tirade :
- "Je dois avouer que je vous apprécie, Isham Ce qui est une chose assez rare. Et si nos chemins venaient à devenir contraires, je veux que vous sachiez que j'ai le plus grand respect pour vous. Malheureusement si jamais je venais à m'apercevoir qu'une machination menace Lucretia ou notre nation, je n'aurais d'autre choix que de vous combattre. Mais si vous êtes aussi honnête, honorable et bon que ce que je perçois de vous, alors vous trouverez en moi un allié dévoué et quelqu'un sur qui vous pourrez compter en toute circonstance..."

Je pose mon regard intense dans le sien, affrontant une seconde le vieux guerrier et ambassadeur :
- ...Mais une question me taraude depuis notre premier échange...Les trois Qualibat Jamal -chameau-, Hisan -Cheval- et Thi’b -Loup- sont les principaux clans, ça je l'ai bien compris. Mais comment se fait-il que le Qualibat al-Sajin n'ait pas plus de pouvoir alors même qu'ils sont les Maîtres de de l’oasis d’Orzalem ? Il me semblait que dans les contrées désertiques, ce genre d'endroits étaient de véritables trésors ? Et d'ailleurs, quel est donc l'animal qui se cache sous le terme de "Sajin" ?, finis-je avec un air de réelle curiosité pétillant dans mes yeux.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Lun 28 Oct - 11:48

Isham accueille avec le plus grand respect et des hochements de tête ton discours sur tes valeurs et ta position vis-à-vis de la situation dans laquelle tu as été projeté bien malgré toi. A nouveau tu peux sentir la franchise dans le regard qui répond au tien, une forme d’accord tacite dans vos intérêts tant communs que divergents. Il n’a pas besoin de commenter ta déclaration, son attitude suffit à ce que sentes qu’il en partage le contenu.

C’est donc sur ta question finale qu’il rebondit, avec un sourire aimable. Il n’est pas difficile de voir que l’intérêt que tu manifestes  à l’encontre de sa tribu et plus largement de la géopolitique de la huitième mer lui fait plaisir.

- Voilà une question qui pourrait nous occuper pendant une longue partie de ce voyage maritime, dit-il avec satisfaction. Aussi, ne nous engageons pas dans cette conversation sans l’accompagner d’un petit plaisir que vous accorderez au vieux monsieur que je suis.

Il se lève pour fureter dans une simple commande à hauteur de hanche qui constitue l’ensemble du mobilier de l’endroit pour en sortir un étrange instrument dont tu finis par retrouver le nom : un narguilé. Un objet typique de l’Empire du croissant permettant d’inhaler des décoctions sous la forme de vapeur nébuleuses. Le diplomate sort d’une sacoche à sa taille des herbes qu’il positionne sur le narguilé avant de l’allumer et d’en tirer un long trait de fumée. Immédiatement, une odeur agréable, mélange de fruit et thym, embaume l’atmosphère. Il te tend ensuite l’embout avant de se resservir une datte puis de poser ses mains sur ses genoux dans une attitude posée.

- Pourquoi ma tribu n’est pas de la même importance que les trois qui dominent actuellement la huitième mer ? Et bien il n’en fut pas toujours ainsi. Du temps de nos ancêtres, quand la civilisation katabique régnait sur ce qui est devenu l’actuel Empire du croissant et que la glorieuse Raqmu était l’épicentre de notre culture, le Waili du Qalibat al-Sajin était le maître de la cité du désert. Et pour répondre à votre question, dans la langue du désert, Sajin est le nom donné au scorpion dans notre langue. Car il est dit dans nos légendes que bien avant la construction de Raqmu, le père de notre Qalibat fut l’objet d’une tentative d’assassinat dans son sommeil. Mais son assassin, alors qu’il s’apprêtait à tuer notre ancêtre, fut piqué par un scorpion qui reposait sur la couche de ce dernier et mourut avant d’avoir pu accomplir son forfait.

Un sourire accompagna l’issue de ce conte tandis que Isham saisissait à nouveau la pipe du Nargilé pour en inhaler une nouvelle bouffée, puis se servir une nouvelle tasse de café, non sans t’en avoir proposé une autre.

- Hélas, notre histoire n’est pas jalonnée que de succès. Alors même que la Persis commençait à gagner en puissance, le désert se faisait plus aride, l’agriculture impossible et le gibier moins accessible. Petit à petit, l’empire Katab périclita, et le rayonnement de Raqmu déclina. Rapidement, les Qalibat se retournèrent contre Al-Sajin, accusant la gestion de notre Waïli dans la chute inéluctable de l’empire katabique. Les dissensions internes furent violentes et la Qalibat Al-Sajin fut décimée. Ceux qui restaient prirent la fuite dans le dernier territoire que nous étions en mesure de protéger efficacement : l’oasis d’Orzalem. Il est dit que Gōčihr lui-même défendit Orzalem et les réfugiés de la Qalibat Al-Sajin contre les tentatives des autres Qalibat d’éradiquer les nôtres. Reste que notre Qalibat est restée dans l’ombre depuis et que les Qalibat Al-Hisan, Al-Jamal et Al-Thi’b sont devenues les maîtresses de la huitième mer.

Il marque une pause pendant un bref instant, adoptant un air méditatif. Tu ne sais si c’est dû à ce rappel du passé ou à une hésitation pour t’en dire plus. Il reprend cette fois-ci d’une voix plus posée, moins dans le conte.

- Deux évènements récents ont secoué la Qalibat al-Sajin. Il y a deux ans, notre précédent Waïli, Khalil Moussoud, a rejoint Zénéa pour guider les nôtres sur les routes du désert. La Qalibat a élu Sinan Rafiq pour le remplacer. Depuis son élection et sa politique religieuse plus souple, certains de nos jeunes se tournent vers le Dïnisme, tournant le dos à l’Ahurayasna et…

Il s’arrête devant ta perplexité.

- Ah, veuillez me pardonner, Maître Ramirez, j’ai parfois tendance à oublier que ces concepts ne vous sont pas forcément familiers. Quatre religions cohabitent dans l’Empire du Croissant. La première et la plus répandue est l’Al-Dïn et ses pratiquants croient en un dieu unique, al-Musawwir, que l’on pourrait rapprocher de votre Theus si ce n’est que les pratiques religieuses en sont différentes. L’orthodoxie est-elle basée sur un fondement simple : le Paradis est Elohah et Elohah est le paradis. Là encore Elohah pourrait être une figure différente du Dieu de vous autres Théans. Les Orthodoxes estiment que ce paradis peut-être une forêt, une cité ou encore une terre devenue vivante et cherchent à rejoindre Eloha à travers ce lieu.

Il s’arrête pour boire une gorgée de café, coupant ainsi ce long monologue.

- La troisième religion à trouver chapitre dans L’Empire du croissant est le Yachidisme, et est particulièrement représentée dans le Sarmion. Leur dogme est plus restrictif que celui des orthodoxes car, dans leur croyance, Elohah est le seul dieu et l’unique créateur de la terre que nous connaissons. Tout autre « Dieu » ne pourrait être qu’Assur, ce qui signifie interdit… Enfin, et tu notes une légère exaltation dans la voix du diplomate, la dernière des religions et la plus ancienne est l’Ahurayasna. C’est la religion du désert, qui… il réfléchit un instant comme pour vulgariser les principes à ton intention… qui a pour principe une lutte cosmique entre le bien et le mal, qui sont symbolisés par deux déités : Zénéa et Namirha. Cette lutte qui existe dans les mondes conceptuelles se répercute dans le monde mortel. Ainsi, les deux camps ont créé un ensemble de créatures pour lutter contre leur adversaire, et celles-ci existent tant dans les plans spirituels que dans le monde des mortels. Ils sont ce que l’on appelle couramment les Djinns, mais nous les définissons comme des Ahuras et des Daevas, qui sont respectivement les créatures de Zénéa et de Namirha.

Il marque une pause, et ajoute dans un sourire :

- Désolé, je vous noie de détails inutiles, mais ce sujet à tendance à me passionner et je pense que ce éclairage est nécessaire pour que vous compreniez l’ensemble des enjeux de la huitième mer.  Bien, pour reprendre sur les récents évènements du Qalibat al-Sajin, notre nouveau Waili Sinan Rafiq souhaite mener une politique d’unification des tribus et réhabiliter Raqmu. Mais nous faisons face à des évènements contraires dont j’ai déjà fait mention avec vous. Saghira, un rejeton du glorieux Gōčihr le père des vers des sables, a chassé la qualibat al-T’hib de son territoire ancestral depuis la chute de Raqmu. Depuis, les relations entre les tribus majeures se sont tendues. Par le truchement d’une antique loi ancestrale de la huitième mer, le frère du Waili des al-T’hib a mis les siens sous la protection de la Qalibat-al Hisan, tandis que d’autres membres d’Al-T’hib ont eu recours aux services du Qalibat al-Jamal pour échapper à la colère de Saghira en échange de certaines de leurs terres. La Qalibat al-T’hib est dans une situation précaire, joue un jeu dangereux et ne peut naturellement rester dans cette position très longtemps. Ajoutons à cela que la Qalibat al-T’hib est la seule tribu de la huitième Mer majoritairement Dinïste. Notre Waili redoute donc une offensive de la Qalibat al-T’hib contre nos territoires. Officiellement, une rencontre est prévue dans deux semaines entre les Wailis des quatre tribus majeures à l’invitation de notre guide. Nous redoutons cependant que le Waili d’al-T’hib, Abd ibn Alet, ne profite de l’occasion pour fomenter une attaque ou une alliance contre notre Qalibat pour s’emparer d’Orzalem et rayer al-Sajin des tribus de la huitième mer.

Il repose sa tasse vide sur le sol entre vous, puis reprend une bouffée de fumée du narguilé. Le roulis du bateau, la fumée et la voix rocailleuse d’Isham t’ont comme transporté dans une autre contrée, une contrée dont tu t’apprêtes à fouler le sable de tes pas. A nouveau le visage massif du diplomate s’éclaire d’un sourire :

- Peut-être vous ai-je surchargé d’informations, Maître Ramirez, et la salive commence à me manquer. Aussi, n’hésitez pas si vous avez des questions ou des besoins d’éclaircissement. Nous autres de la Huitième mer possédons un goût immodéré pour le conte, et oublions parfois que certains auditeurs ne sont pas familiers de nos contrées.
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Faust
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mer 27 Nov - 11:54

Tandis que le vieux conteur débute son récit -que je devine captivant- je m'installe en face de lui et tire sur le narguilé dont les effluves exotiques chatouillent mes narines curieuses. Le goût de la fumée à la fois un peu âcre et doucereuse est délicieuse, et je me laisse aller à écouter l'Histoire de son Clan tout en fumant doucement.

Les connaissances de cet homme sur l'Histoire de son peuple sont telles que je me demande si le titre d'Ambassadeur ne cache pas en fait un lettré. Son visage buriné et son regard d'acier pourraient contredire mon hypothèse, mais je soupçonne une histoire beaucoup plus complexe qui ont fait d'un Lettré un Guerrier. Ou peut-être était-ce l'inverse ?

Les Civilisations de la huitième mer étaient à l'instar d'Isham d'une richesse et d'une complexité que je ne faisais que soupçonner. Une Histoire fascinante en vérité, que je buvais avec autant d'avidité qu'un bédouin assoiffé devant une Oasis.

Et devant mes yeux se peignait une Toile aux lignes fragiles de tons ocres et sables. Une Cité resplendissante au milieu du Désert. Dans une chambre baignée par la lumière de la lune, un assassin tend un poignard au-dessus de la couche du Maître du Désert mais tombe raide mort, le gardien scorpion retournant dans la couche de son Maître. Puis le décor se fait plus aride, des agriculteurs à genoux pleurant devant la rudesse de ce soleil cruel qui craquelle tout dans ces rayons destructeurs, les animaux fuyant devant eux. Les doigts furieux du peuple et des Nobles se pointent vers la couronne du Roi du Désert. Les hommes en armures légères frappés du symbole du Scorpion sont massacrés. D'autres s'enfuient vers l'Oasis d'Orzalem. Le Roi déchu regarde tristement le soleil se coucher depuis les remparts de ce dernier refuge. Puis un médaillon du scorpion s'enfonce dans le Sable de l'Histoire, remplacé par trois autres médaillons dorés qui sortent du sable : un chameau, un cheval et un loup.

Le Conte s'arrête alors, laissant place à une explication plus terre-à-terre, politique et religieuse, de ce peuple mystérieux. J'écoute attentivement et respectueusement ses explications tout en laissant des volutes grisées s'échapper du narguilé, savourant le goût du Thym et des agrumes chatouiller ma gorge.

Je peux sentir toute l'exaltation de cet Ambassadeur lorsqu'il parle de l’Ahurayasna, et notes chaque détails dans un coin de ma mémoire. La situation semble religieusement bien plus complexe que dans nos contrées, même si certaines similitudes avec nos civilisations me viennent à l'esprit.

Lorsqu'il finit son discours en s'excusant, je ne peux m'empêcher de sourire un peu, et prends la parole d'un ton affable :
- Merci pour cet exposé fascinant. Je reconnais en toute humilité et sans honte que vous êtes un grand Conteur, et j'avoue passer pour ma part un moment fort agréable, en fort intéressante compagnie. Et même si j'avoue aussi ne pas être familier avec vos contrées, je crains qu'avec un professeur aussi sage et cultivé que vous je ne devienne une véritable sommité en la matière bien avant la fin de ce voyage..., dis-je avec un petit rire.

Je laisse planer un léger silence dans l'ambiance assez intimiste de la cabine, tirant avec avidité sur ce narguilé décidément délicieux, puis reprends en essayant de former un rond avec ma bouche afin de voir si cela produit l'effet que j'escompte :
- Tout cela m'explique bien des choses, et je vous remercie humblement de partager tout ce savoir séculaire avec le jeune sot Vodacce que je suis. Sans vouloir abuser de votre salive et de votre temps, pourriez-vous m'en dire plus sur notre rôle dans toute cette histoire ? J'imagine que cela à avoir avec les dons uniques de Lucretia et l'avantage que pourrait vous procurer les fils de la Destinée, au vu de votre situation...Mais comment en êtes vous venus à découvrir les Sorcières de nos contrées ? Est-ce le Walli qui est à l'origine de cette alliance, ou était-ce votre idée ? Et quelle est exactement cette décoction qui a constitué votre...Cadeau de mariage ?

Je me gratte les cheveux une seconde d'un air un peu gêné :
- Pardonnez moi, Maître Isham, je crains de n'être qu'une plante asséchée aux abords de la vaste Oasis de vos connaissances. N'hésitez pas à prendre poliment congé de moi lorsque cela vous paraîtra insupportable..., finis-je avec un sourire poli mais sincère. Nous sommes tous deux des hommes de savoir qui visiblement n'aimons pas la politesse excessive et hypocrite de ma propre civilisation. Et je ne sais que trop comme il peut être pénible quelquefois d'expliquer la moindre chose à un ignorant.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Lun 9 Déc - 10:15

L’ambassadeur se contente de hocher la tête avec modestie aux compliments que tu lui adresses, tout en partageant avec toi le Narguilé. L’odeur de sel le dispute aux parfums d’agrumes dans la cabine et le vent s’entend en filigrane à travers les planches.

- Voilà beaucoup de questions intéressantes et je suis un bavard impénitent, même selon les critères de la diplomatie, donc vos questions ne sont en aucune manière une gêne. Au contraire, elles marquent un intérêt flatteur pour notre culture. Hélas, aussi vaste que puisse vous paraître mon savoir, il n’est que grain de sable à l’échelle de la Huitième mer. Je vais néanmoins tacher de vous en partager la teneur.

Il boit une gorgée de café puis reprend :

- Pour ce qui est de notre rôle, je dirai que nous jouons tous deux la partition de chefs d’orchestre qui trouvent plaisir à composer certaines parties de leurs œuvres en commun, mais dont les mélodies sont au final bien différentes. Je pense que vous connaissez la symphonie du Prince Lucani, aussi ne vais-je vous parler que de celle de notre Walï, Sinan Rafiq. Comme je vous l’ai évoqué en entrefilet, Le guide de ma tribu a été élu il y a peu à l’aulne d’une ambition forte : réunir les tribus sous l’égide de notre antique forteresse, Raqmu. Une rencontre est prévue à Orzalem entre les Walï des principales tribus du désert d’ici quinze jours. En soi, il s’agit déjà d’un exploit de réunir tous les Walï dans un même endroit. Ce n’était plus arrivé depuis les jours anciens. Nouvelle pause, dédiée à grignoter une datte. Inutile de préciser donc que la méfiance est de mise et que les tractations risquent d’être compliquées, à tout le moins. Je pense donc que les négociations que notre Walï a entamé avec le Prince Lucani, il y a déjà de longs mois déjà, visaient cet objectif. La puissance de la sorcellerie de Dame Lucretia sera très certainement une aide de choix pour l’aboutissement des tractations entre les Walïs. Du moins est-ce ainsi que j’interprète la volonté de notre Walï.

Pensif, il t’observe quelques secondes avant de continuer :

- Pour être honnête, je ne sais pas exactement comment se sont noués les contacts entre le Prince Lucani et notre Walï au sujet de Dame Lucretia, je n’ai été envoyé ici que pour conclure un accord déjà scellé. Notre connaissance de la Sorcellerie de vous autres, habitants de la Théa, est relativement frustre et tient plus du conte que d’un réel savoir. J’imagine que notre Walï est plus versé dans la connaissance de ces arts que je ne le suis.

Tu n’as aucun mal à détecter  que cette question le laisse perplexe, et qu’il est lui-même mal à l’aise sur ce que cela signifie sur le nouveau maître des al-Sajin.

- Toujours est-il que si la puissance des Sorcières de la Destinée est semblable à celle qu’on leur prête, Dame Lucretia sera un réel avantage dans la négociation à venir et pour l’avenir des tribus de la Huitième mer. En cela,  sa venue dans le désert est une excellente nouvelle pour nous. Et le prix à payer est Somme toute raisonnable. Les guerriers d’al-Sajin doivent en grande partie leur réputation à une épice que nous nommons Shai-Ulud. Il s’agit d’un savant mélange alchimique entre la fleur qui pousse dans l’oasis d’Orzalem, et le venin des scorpions qui hantent les montagnes à l’est de l’oasis. D’autres ingrédients y sont ajoutés jusqu’à former une pâte molle qui, ingurgitée, accroît les capacités métaboliques de son consommateur, notamment sa résilience et sa rapidité.

Il boit une gorgée de thé en t’observant attentivement :

- Le Prince Lucani, en échange de la main de sa nièce, a demandé que lui soit livré trois kilos de Shai-Ulud tous les ans.

Vous bavardez encore quelques temps avant que chacun ne retourne à ses activités, souvent réduites durant un voyage en bateau. La traversée se fait sur plus d’une semaine sans incidents notable, si ce n’est une chaleur de plus en plus forte lorsque tu te promènes sur le pont. Tu ne croises à aucun moment Lucretia, et lorsque tu demandes de ses nouvelles, on te fait savoir qu’elle ne souhaite pas quitter sa cabine car souffrante du mal de mer.

C’est donc avec l’espoir de mettre un terme à l’ennui qui te gagne que tu vois arriver les côtes de la Huitième mer, et ses Dunes de sable aux teintes ocres. Votre navire mouille enfin à une centaine de mètres d’une plage, sur laquelle se distingue une unique tente au textile blanc immaculé pour former un campement rudimentaire qui semble vous attendre. Une dizaine d’animaux, que tu identifies comme des chameaux d’après les livres que tu as pu lire sur l’Empire du Croissant, sont couchés à même le sable et des formes humaines s’activent alors que vous vous apprêtez à débarquer lorsque les chaloupes sont mises à la mer. Toujours voilée, Lucretia sort enfin de sa cabine et te salue d’un hochement de tête avant de gagner l’une des chaloupes, ce que tu ne tarde pas à faire également. Le soleil, orbe jaune omniprésent dans un ciel d’un bleu limpide, darde ses rayons mordants sur vous. Quelques coups de rame plus loin, vos barques s’enlisent dans le sable de la plage et tu mets alors pied pour la première fois sur les terres de l’Empire du Croissant.

Les bédouins du campement, une dizaine, viennent chaleureusement saluer Isham et l’un d’entre eux lui donne même l’accolade. Ils portent tous d’amples vêtements bleu clair et certains ont le visage découvert, tandis que d’autres couvrent le bas de celui-ci par un ruban de tissu du même bleu. Tous ont le crâne protégés par une sorte de turban. L’équipage du navire se retire après vous avoir débarqué ainsi que vos effets personnels, ne laissant de votre expédition maritime qu’Isham, Lucretia, la vieille femme  qui s’occupe de cette dernière et toi sur les rivages de la Huitième Mer. Lucretia est invitée à changer de tenue pour le voyage dans la grande tente, avant que tu ne sois également convié à le faire lorsqu’elle en a terminé.

Alors que tu vas pour gagner la tente, tu remarques un court échange entre Isham et le bédouin qui lui a donné l’accolade. Tu le reconnais car celui-ci est le plus petit d’entre eux. Et tu as le sentiment que cet échange, animé, te concerne.

L’intérieur de la tente est minimaliste, des tapis forment un sol mouvant sur le sable, quelques coussins épars font office de lieux de repos et une sorte de chambre coupée du reste par des rideaux blancs. Isham pénètre à ta suite dans la tente :

- Bienvenue dans la Huitième mer, Maître Ramirez.

Il fouille dans un caisson, dont il extrait des vêtements semblables à ceux des bédouins, qu’il te tend :

- Enfilez donc cette tenue, vous souffrirez ainsi moins de la chaleur. Nous avons encore une longue route pour gagner Orzalem, et vous serez plus à votre aise.

Tu pars te changer dans la chambre, tandis qu’Isham continue à te parler :

- Le désert est un endroit magnifique, mais il est aussi dangereux. Mes hommes et moi-même sommes là pour protéger Dame Lucretia et vous-même, mais votre vigilance et vos talents de combattants ne seront sûrement pas de trop….
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mar 28 Jan - 11:58

Les réponses d'Isham apportent autant de réponses que de questions, et les conversations -plus intéressantes les unes que les autres- se succèdent paisiblement au rythme des vagues qui nous amènent inexorablement loin de ma patrie pour découvrir cette huitième mer. Contrarié par le manque de nouvelles de Lucretia et inquiet de son sort, je décide malgré tout de ne pas commencer nos relations avec nos nouveaux "alliés" par une crise diplomatique, d'autant que cela me laisserait seul avec un certain nombre de gardes aguerris, dont Isham qui à n'en pas douter est un combattant féroce. Je laisse donc cette crise de confiance être emportée par les flots, et décide de prendre mon mal en patience.

Arrivés sur cette plage dont les couleurs inconnues flattent mes pupilles, je mets un pied intrigué et je dois l'avouer enthousiaste en ces terra incognita, du moins pour moi.

Le signe de tête de Lucrétia me laisse encore une fois une impression étrange, comme si quelque chose n'allait pas. Mais devant le splendide spectacle qui s'offre à moi, ma conscience a tôt fait de jeter mes doutes dans les abysses de l'oubli pour les remplacer par une curiosité insatiable de tout ce qui vient à frôler mon œil d'artiste.

Je note toutefois dans cette symphonie de beauté exotique le passage de Lucrétia hors de la tente, et la discussion quelque peu animé entre Isham et un des bédouins. J'imagine qu'outre l'Alliance passé par leur Wali, les gens d'ici ne voyaient pas notre venue d'un très bon oeil, dans un miroir déformé de ce qu'avait dû vivre -d'une façon plus hypocrite- Isham à son arrivée en nos contrées.

Arrivés dans la tente, je prends les vêtements qu'il me tend, et me déshabille sans pudeur aucune pour laisser place à ce nouveau moi du désert. Ses derniers mots allument en moi le feu de la méfiance, même si Isham a l'air d'un homme en qui l'ont peut avoir confiance.

Tandis que je finis de me changer et apparaît dans ma nouvelle tenue, je l'observe une seconde en ajoutant d'un air innocent :
- Sont-ce de la faune et de la flore que je dois me méfier, ou...De vos amis ? Dis-je en montrant l'extérieur de la tente d'un bref signe de tête et un sourire amical.

Même si la question est anodine et ne porte pas à conséquence vu l'humour qui s'en dégage, nous commençons à assez bien nous connaître pour qu'il sache qu'elle reste néanmoins une réelle interrogation sur les intentions des bédouins qui nous accompagnent, et lui indique par la même que j'ai assisté à son échange.

J'ajoute ensuite sur un ton badin :
- J'ai une requête à vous soumettre, Ambassadeur. J'aimerais si vous n'y voyez pas d'inconvénients pouvoir m'entretenir ici avec Lucretia un moment, seuls. Comme je vous l'ai dit, je suis ici pour veiller à son bien être...Qui pour l'instant me demeure un mystère, et ce depuis quelques temps maintenant. Suffisamment je vous l'avoue pour m'inquiéter un peu... Je vous en prie, n'y voyez ni offense ni malice. Mais je préférerais juste que mes yeux et mes oreilles soient les témoins de mon soulagement, même si tout cela peut paraître bien ridicule vu que je suis sûr qu'elle se porte très bien, et je m'excuse de cette conduite un peu cavalière...Mettons cela sur le compte de mon caractère de bretteur et artiste qui prime malheureusement sur mes bonnes manières..., finis-je avec un petit sourire ironique et tout à fait innocent.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Ven 14 Fév - 16:22

A ta première demande, Isham a un large sourire, avant de répondre avec sérieux :

- Ne soyez pas trop dur avec mes frères de tribu, ils n’ont pas l’habitude d’accueillir des étrangers sur les sables de la huitième mer. Plus encore de les conduire vers le cœur d’Al-Sajin. L’Oasis d’Orzalem est une terre bénie par Gōčihr lui-même, y conduire un non-natif du désert est pour certain l’assurance de maudire notre tribu. N’y faites pas attention, tous sont des soldats que j’ai personnellement choisi, ils répondront à mon commandement. Non, c’est le désert qui peut se montrer dangereux avec sont qui ne sont familiers de sa pratique.  Je vous en conjure, respectez nos consignes durant la traversée.

Lorsque tu sollicites un entretien en privé, le visage altier du vieil Isham ne peut masquer durant quelques secondes une forme de suspicion, mais il se reprend très vite :

- Bien sûr, bien sûr. Vous êtes dans votre bon droit, si bien entendu il s’agit d’un désir partagé par la Princesse Lucretia.

Il entrouvre le pan qui protège l’intimité de la tente et aboie un ordre dans sa langue. Quelques instants plus tard, Lucretia pénètre à son tour dans votre abri de tissu, suivie de près par la vieille femme qui semble animée de la volonté de remplacer son ombre.

- Nous vous laissons, dit alors l’ambassadeur, entraînant après un nouvel ordre la vieille femme à sa suite.

Lucretia les observe sortir avant de se tourner vers toi avec la réserve polie des femmes de la Vodacce :

- Seigneur Ramirez, je n’ai pas eu l’occasion de vous le faire savoir, mais je suis fort aise de votre présence à mes côtés sur ces terres inconnues.

Si le masque de la jeune fille est impeccable, tu peux percevoir la peur qui se cache derrière. Ta cousine est terrorisée par la situation.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mer 19 Fév - 17:51

Je regarde Isham avec un sourire désarmant :
- Le respect des consignes est chez moi une seconde nature..., annoncé-je avant de reprendre sans le sourire ironique que j'affichais jusque là : Zénéa nous préserve de ma légendaire impulsivité...Mais vous êtes nos guides en ces terres inconnues qui recèlent sûrement milles dangers, c'est entendu..., finis-je sur une note de demi-plaisanterie.

Puis l'entrevue est organisée sur le champs, mettant presque fin aux doutes qui me rongeaient un instant plus tôt. Lucrétia apparaît alors dans sa tenue exotique, suivie de sa nouvelle ombre. Une fois tout le monde parti, Lucrétia me fait part de sa peur que je décèle dans son regard.

Évidemment, que demander d'autre à une si jeune fille pratiquement enlevée de force pour une contrée dont elle ne connaît rien pour un mariage qu'elle n'a jamais désiré...

Je l'observe, puis lui sourit chaleureusement en m'approchant d'elle :
- Oui, je suis un peu comme la brise marine qui souffle sur les côtes du port de notre chère Aquila...Je marque un silence : Irritant, et souvent là lorsqu'on s'en passerait volontiers..., finis-je avec un sourire espiègle. Mon intonation devient un peu plus sérieuse : Vous a-t-on bien traitée ? Etes-vous à votre aise, ou du moins au mieux des circonstances ? Et qui et cette nouvelle mère avec qui vous semblez entretenir une intimité un peu forcée, votre servante, votre gardienne ? Un garde Croissantin grimé ?

Je l'observe attentivement pendant qu'elle me répond probablement. Puis, sauf si elle m'en empêche ou semble gênée je joins mes mains aux siennes :
- Vous n'avez aucune inquiétude à avoir. Je serais à vos côtés pendant ce voyage et même après s'il le faut. Je suis bien conscient que tout ceci est profondément injuste. Mais vous savez comme moi que malheureusement la situation est ce qu'elle est...Du moins pour l'instant. Je vous ai observé toutes ces années, Lucrétia. Malgré votre jeunesse, vous êtes une femme forte et déterminée. Plus que beaucoup d'hommes que j'ai connu. Et je suivrais chacun de vos pas. Au moindre signe de votre part, l'ange gardien que je suis sautera d'une dune -ou d'un balcon pour faire bonne mesure à mes habitudes- pour vous secourir. Je vous en conjure, ne cédez pas à la panique et à cette peur bien compréhensible. Sinon ils auront gagné, et vous perdrez ce contrôle que vous avez sur votre vie, même si vous l'ignorez encore. N'oubliez jamais que malgré les circonstances peu favorables qui vous entourent, vous êtes une puissante Sorcière de la Destinée. Ils croient que vous êtes leur esclave. Mais c'est vous qui avez le pouvoir. Un pouvoir qui, utilisé avec subtilité, vous permettra d'échapper aux fils de votre propre destinée...

Je marque une pause, le regard un peu plus sombre. Dois-je lui dire ce que je sais sur notre héritage ? Sur la situation ?...Après avoir son regard encore embué de peur malgré mes paroles, je décide qu'il est trop tôt pour lui dire toute la vérité. Je n'aime ni le mensonge ni la dissimulation. Mais les circonstances m'enjoignent de garder pour une fois des réserves.

Je finis par lui décocher un sourire séducteur :
- Je comprends qu'ils vous cachent là-dessous. Votre beau sourire à lui tout seul ferait pâlir cet éclatant soleil..., dis-je pour tenter d'arracher encore un sourire de cette malheureuse enfant apeurée.

Je serre ses mains, et dans un élan de compassion et de démonstration de sensiblerie qui ne me ressemble pas, je la serre dans mes bras affectueusement :
- Tout ira bien, Dame Lucrétia. Essayez de ne pas vous faire trop de soucis. Considérez moi comme votre protecteur en ces terres, et n'hésitez jamais à m'appeler d'un regard ou d'une parole si quelque chose vous trouble. Pour le reste...Nous ferons face. Oh, j'y pense...Dis-je en sortant  de mon sac de voyage un dessin sur une feuille de velin que j'avais exécuté à la hâte : Il est à vous. Cela vous aidera peut-être à supporter ces paysages monotones, lorsque vous aurez le mal du pays...

L'esquisse au fusain dans un grain fin et précis avec une touche d'estompes représente la côte d'Aquila avec à l'avant plan le visage de Lucrétia exécuté de mémoire et dont l'expression farouche est celle que je lui avais connu quelques années auparavant les rares fois où je l'avais rencontrée.

Je me baisse ensuite cérémonieusement et lui fais un baise main comme l'usage de notre patrie l'exige. Puis à moins qu'elle n'ait autre chose à ajouter, je la laisse prendre congé et la regarde s'éloigner tout en mesurant mentalement le diamètre de ses pupilles que j'ai observé. Leur couleur. Les différents signes et indices que j'avais pu remarquer. Son attitude tout au long de notre entretien. Il s'agit bien d'elle. Et elle n'a visiblement subit aucun mauvais traitement ni n'a été droguée.

Je m'en retourne à mes affaires, plus ou moins rassuré, mais mes pensées sont maussades malgré le temps. Comment laisser une jeune adolescente d'à peine treize printemps être mariée de force à un Seigneur dont les intentions semblaient au mieux assez troubles ?...

C'est dans cet état d'esprit que je sortais, accoutré tel un vrai bédouin, prêt à suivre l'ambassadeur et notre escorte, sans cesser pour autant de surveiller ma protégée. Ma sœur, si cette histoire était vraie. Et j'en étais malheureusement de plus en plus convaincu.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Jeu 5 Mar - 16:11

Grâce à ta métaphore sur la brise marine de sa ville natale, tu arrives à décrocher un sourire sur le visage figé dans une posture de Princesse d’Aquila de Lucrétia . Avec ça, la retenue d’une jeune fille, qui reste une simple adolescente, cède quelque peu :

-Je suis bien traitée, merci de vous en inquiéter. Je ne puis me plaindre de cela. Dounia est la femme de chambre que mon futur mari m’a attribué pour la durée de ce voyage. Il est vrai qu’elle a des manières de garde croissantin grimé,dit-elle avec un petit rire gêné, mais elle se montre serviable à mon égard. Elle marque une pause. Je ne connais même pas l’homme à qui je suis promise, finit-elle pourtant par concéder avec un sanglot à peine contenu.

Toute sa fragilité se retrouve alors à nue. Tes paroles la rassénère néanmoins, et un sourire franc et éclatant vient finalement éclairer ses traits ravissants. Sans doute peu habituée à cette familiarité, elle se raidit quelque peu quand tu la serres contre toi, avant de se laisser aller à cette accolade rassurante. Lorsque tu lui tends le dessin et qu’elle en contemple la justesse de l’évocation, ses yeux s’embuent de larmes.

- Oh merci, Seigneur Ramirez, c’est un cadeau splendide que je vais chérir. Aquila me manque, vous avez raison, et je suis si inquiète de la vie qui m’attend ici. Je ne sais comment vous remercier pour ceci et pour vos attentions à mon égard.

Vous vous séparez sur un baise-main Vodacci et ton soulagement sur l’identité bien réelle de ta cousine. Dehors, les hommes d’Isham ont préparé le départ, et moins d’une quinzaine de minutes plus tard, la tente qui abritait votre conciliabule est pliée et rangée avec le reste des affaires. On te selle alors un dromadaire, et Isham t’octroie quelques conseils pour que tu puisses le monter sereinement. Tu te rends rapidement compte que cela ne diffère guère des chevaux. Lucrétia et sa Dame de chambre sont montées sur un chameau dont la selle contient un auvent pour les protéger du soleil.

Votre caravane se met alors en route, plein nord, pour quitter les rivages salins et s’enfoncer dans le désert de la Huitième mer….

Il te faut une demi-journée pour t’habituer au roulement de la démarche de ta monture. Demi-journée pendant laquelle tu te sens un peu nauséeux, mais lorsque tout rentre dans l’ordre, tu peux jouir d’un spectacle grandiose. Océan sans fin de dunes jaunes comme les têtes blondes du Vestenmennavanjar, ocres et même couleur bronze parfois, tu comprends mieux ce surnom de Huitième mer. Les vagues de sable s’étendent à l’infini et, chaque fois que vous en franchissez une, tu ressens l’impression tenace  qu’un nouveau paysage s’ouvre devant toi. La chaleur, elle, est écrasante en journée, mais la tenue que t’ont remis les hommes d’Isham parvient à la tempérer pour la rendre plus acceptable. Totalement déconcertant pour un homme qui n’a jamais quitter la Théah, même les livres que tu avais pu lire sur la géographie de l’Empire du Croissant ne t’avait préparé à pareil spectacle.

La nuit est tout aussi grandiose. A chaque crépuscule,  vous installez un bivouac avec un petit feu autour duquel s’installe le campement. Le gibier chassé durant la journée, Renards des sables, serpents ou encore faucon du désert constituent des repas nourrissants, accompagnés de lait de chamelle ou de l’eau rationnée des gourdes en peau de chèvre. Allongé sur un tapis comme les autres membres de la tribu, tandis que Lucrétia et Dounia bénéficient de l’abri de la tente, c’est ensuite l’heure des contes sous un ciel étoilé tel que tu n’en a jamais vu.  Sous le regard des constellations, Mahmoud conte les histoires du désert dans sa langue chantante, qu’Isham te traduit parfois. Des histoires où la destinée des hommes se croisent à celle des Djinns, des histoires où les tribus s’affrontent pour une femme, des histoires où un enfant, après s’être perdu, revient un jour éclairer les siens de la sagesse du désert. La chaleur du feu est entretenue toute la nuit pour chasser le froid nocturne, et tu dors paisiblement, à l’abri des sentinelles qui gardent votre campement.

Votre colonne, composée d’une dizaine de chameaux et dromadaires avance à un rythme régulier, même s’il t’est difficile de comprendre comment vos guides trouvent leur chemin dans cet océan de sable. Comme sur d’autres sujets, Isham t’affranchit sur la technique utilisée: un vent dominant, l’Adir,  pousse les dunes dans une même direction et forme sur le sable des vaguelettes répétitives, toutes orientées dans le même sens. Ce vent plus fort que les autres vient de l'Est. Les vaguelettes sont perpendiculaires à cet axe. Sans voir l'horizon ou aucun autre repère, il est donc facile de continuer à orienter sa marche par rapport à l'axe de cette trame.

Peu à peu, tu apprends à découvrir les hommes de la compagnie d’Isham : Mahmoud le conteur, Amir le taciturne, Wahid le dresseur, Djillali l’éclaireur, Fayçal le guerrier, Farouk le cuisiner, Khoubeb le maître d’eau, Sahil le blagueur et Othman le rusé chasseur. Après la réserve des premiers contacts, tu découvres des hommes simples, dénués de la duplicité commune chez les Vodacci, qui aiment passionnément leur tribu et le désert. Tous sont prompts au rire, mais aussi, tu le devines, tout aussi vifs à défendre les leurs. Seul Amir maintient une forme de réserve à ton égard, en t’évitant le plus possible. Tu notes aussi que s’ils la respectent, aucun d’entre eux n’approche ou ne s’adresse même à Lucrétia.

Trois jours après votre départ, vous approchez de monts rocheux qui troublent l’horizon de sable. Vous les atteignez le surlendemain. Isham approche alors sa monture de la tienne :

- Nous allons nous arrêter dans le village de Kafr Qualem, pour refaire nos provisions et remplir nos gourdes d’eau. Ce sont de braves gens, mais affiliés au Qualibat Al-Jamal, aussi faut-il rester sur nos gardes.

Trois heures plus tard, vous pénétrez dans un petit village des montagnes. Une trentaine de maisons en briques, mélange d’argile et de sable, qui s’enroulent autour d’un puits qui forme le cœur du village. Entre celles-ci, chèvres, mulets et poules se promènent au milieu des habitants. Votre caravane est accueillie avec le sourire, et tu en comprends la raison quand les nomades d’Isham font du troc d’objets contre les provisions des villageois. Vous êtes logés dans une maison nommée Khoubib Sahl, le havre du voyageur te traduit Isham, traditionnellement laissée à disposition des voyageurs nomades qui traversent le village.

A présent intégré parmi les membres de la caravane, tu participes aux tâches et t’occupe avec Khoubeb de remplir les gourdes au puits . Tandis que celui-ci les remplit au puits, tu les transportes jusqu’à votre lieu de villégiature provisoire. Alors que tu es en route pour retourner au puits dans un de tes allers-retours, une petite fille s’adresse à toi :

- Kihv ! Khiv ! Son geste de la main qui accompagne ses mots te fait comprendre qu’elle voudrait que tu la suives. Un coup d’œil rapide alentours te démontre que tes compagnons de route ne sont pas dans les parages.

- Kihv ! Insiste l’enfant avec un sourire dans lequel il manque des dents de lait.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Jeu 18 Juin - 7:26

Le voyage n'est que découverte et délectation. Tout n'est pour mes sens et mon esprit qu'un périple vers le merveilleux comme j'en lisais étant enfant dans les quêtes des Héros d'antan. Et à vrai dire, je découvre un peuple et une civilisation bien plus "civilisée" que ce à quoi je m'attendais. Et bien différente de celle que tout ce que je connaissais. Une étrange sensation me saisit au fil des jours, au point que j'en viens à me demander si notre Civilisation ne faisait pas fausse route sur la direction à prendre.

Malgré une vie aussi dure que ce qu'on pouvait s'y attendre dans ces contrées désertiques et le mal que j'avais à m'y habituer, les gens étaient charmants à leur manière. Francs, bien plus directs que dans mes contrées natales, et d'une gentillesse rare malgré leur rudesse. Je passais mon temps à dessiner, découvrir et apprendre leurs coutumes, et me faisait pendant ces quelques jours de voyage des compagnons, et pour certains bien plus. Tous avaient une personnalité bien tranchée, même si pour certains je demeurais sûrement l'étranger qui envahissait leur territoire. Mais je commençais lentement à m'attacher à ces gens.

Je gardais par ailleurs un œil attentif sur Lucretia, veillant à son bien être, pour rapidement m'apercevoir que telle la vierge sacrificielle, elle était aussi sacrée pour eux que pour moi, même si les raisons en étaient bien différentes.

Kafr Qualem m'apparait comme un petit Paradis dans les montagnes arides du bout du monde. Tandis que nous faisons halte, j'observe l'architecture de ce qui doit être un village typique de ces latitudes. Ce n'est pas sans me rappeler certains villages des montagnes de nos contrées à Lucretia et moi, et je note que le troc a ici encore de beaux jours devant lui, nécessité imposée par les distances et le climat.

Le havre du voyageur comme me le traduit Isham en est un, et nous prenons un repos plus sédentaire. Je participe aux taches quotidiennes avec les autres, partant avec Khoubeb pour remplir l'objet le plus utile dans cette dure vie de nomade : les gourdes. Je me charge du transport, mais alors que je reviens les mains pleines, une fillette s'adresse à moi dans sa langue maternelle pour me faire comprendre qu'elle veut que je la suive.

Est-ce son air innocent ou ses dents manquantes, je suis tenté de la suivre lorsque les paroles d'Isham me reviennent : "Ce sont de braves gens, mais affiliés au Qualibat Al-Jamal, aussi faut-il rester sur nos gardes."

J'observe l'insistance de l'enfant avec un sourire tout en testant la solidité de ma ceinture à laquelle sont accrochées mes épées que j'ai gardé malgré leur aspect "exotique" en ces lieux où les cimeterres semblent être la norme.

Je finis par me dire que cette peur constante du piège ne sied guère à cet endroit, et que de toute manière mes demis origines qui me rendent (à moitié) paranoiaque prendront soin de moi.

Je pose donc mes gourdes et me laisse tirer par la main avec un rire :
- Hey, doucement, petite, doucement, qu'est-ce qu'il y a ?

Je la suis, espérant vraiment que cette petite lueur de danger que je pressens dans mes entrailles ne sont que les prémices d'une digestion difficile de ce nouveau régime alimentaire, et pas un piège grossier impliquant une enfant.

Mais en bon Vodacce, et malgré cette situation pour le moins cocasse, mon esprit écoute les sages paroles d'Isham et je reste sur mes gardes, car comme je l'avais appris récemment à mes dépends, les chameaux sont des compagnons utiles à bien des égards, mais leur morsure est douloureuse.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Jeu 19 Nov - 11:16

La jeune enfant, qui porte une jupe de lin trouée, aux teintes ocre comme les montagnes rocheuses qui entourent son village, et un gilet sans manches en peau de chèvre, t’entraîne à sa suite jusqu’aux frontières du village. Devant ta légère hésitation au moment de quitter le village, elle reprend :

- Kihv! En pointant du doigt une direction.

Tu cèdes à la curiosité et poursuit ta route à ses côtés. Dix minutes plus tard, vous arrivez aux abords d’une dépression dans la roche. D’une forme conique inversée s’enfonçant sur une quinzaine de mètres dans le sol, les parois sont faites de strates d’une hauteur approximative d’un mètre avant d’arriver sur le sol poussiéreux du fond. L’endroit donne une impression de dénuement total, tandis les monts rocheux alentours obstrue toute vision sur les maisons de Kafr Qualem. Cette fois-ci, la petite fille reste aux abords de la dépression et te montre le fond de celle-ci. Un sourire innocent joue sur ses lèvres, et tu sens même une pointe d’émerveillement quand elle te dit :

- Ginnaya.

C’est sans doute cette innocence enfantine qui te pousse une nouvelle fois à suivre la direction indiquée. Tu manques par deux fois de déraper durant ta descente, mais finit par poser le pied sur le sol poussiéreux qui constitue le fond de la cuvette. La forme en est assez semblable à celle du cœur des arènes d’Aquila, te dis-tu avec une pointe d’inquiétude.
De façon soudaine, la poussière du sol commence à s’élever comme sous l’effet d’un vent pourtant inexistant. Tu recules de trois pas devant ce phénomène tout sauf naturel.

La poussière mute alors en un long tourbillon, qui grossit peu à peu. Tu redoutes de te trouver siphonner à l’intérieur de la tornade de sable qui prend forme, mais il n’en est rien. Le visage apparaît alors, fait du sable et de la poussière de la Tornade. Les traits en sont incertains, changeants en fonction des mouvements du tourbillon.

La voix, elle, est crépitante et caverneuse, sèche comme une pierre chauffée par le soleil du désert.

- Bienvenue sur notre terre, étranger.

Une sorte de parasitage, comme de l’électricité statique, fait disparaître brièvement le visage puis il se reforme sous des traits féminins.

-  Tu es en grand danger car tu vas être plongé au cœur d’un complot contre les tribus du désert, mes enfants. Le nouveau Dieu veut conquérir nos terres, mais il ignore tout du désert. Lorsque le moment sera venu, tu brandiras mon sigille, et mes fidèles te reconnaîtront et te suivront.

Nouveau parasitage et visage cette fois-ci d’un enfant.

- Le désert appartient à ses enfants, mais la sagesse doit s’opposer à la cupidité. Regardes, apprends et aides les miens. La colère de Gocihr te protègera.

Aussi brusquement que l’apparition s’est faite, elle disparaît. Désemparé, tu te demandes un instant si tu ne viens d’être victime d’une hallucination. Sensation agrégée par la disparition de la jeune enfant qui t’a emmenée ici. Et pourtant… ton regard se pose sur ta main gauche. Sur le haut de ton index, une sorte de bague s’est formée à la manière d’un tatouage d’or et de feu en surbrillance. Les entrelacs qui la constituent forment un motif complexe, qui disparait peu à peu pour ne plus laisser que ton doigt intact. La marque, absolument indolore, est maintenant complètement invisible.

Le silence est absolu autour de toi. Dans le ciel, un oiseau de proie survole la zone avant s’esquiver. Sans autre réelle option, tu remontes la pente de la dépression, puis te dirige vers le village, encore perplexe de l’expérience que tu viens de vivre.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mar 7 Sep - 10:42

Poursuivant mon périple improvisé aux abords du village en compagnie de cette petite empressée, nous atteignons bientôt un bien étrange endroit, comme si la mèche du vilebrequin de la nature avait foré cet endroit dans la roche, formant les sillons d'une descente vers les enfers. Ce qui paraissait au mieux peu probable. Au fond une cuvette poussiéreuse vers laquelle la petite semble vouloir m'amener, la désignant d'un seul mot énigmatique : Ginnaya. J'hésite sur sa signification, mais elle me pousse à nouveau vers les sillons, et je me laisse happer par cette vision de merveille, et nous descendons vers les tréfonds de cette nouvelle énigme qui ravit mes sens.

Manquant de familiarité avec ce genre de terrains, je me rattrape in extremis plusieurs fois pour ne pas glisser lors de notre descente, et nous atteignons ce qui n'est pas sans me rappeler les arènes de mes terres natales, ce qui n'est pas forcément pour me rassurer. Inquiétude qui s'accroit avec la levée d'un vent sorti de nulle part. Je recule un instant, un frisson me parcourant l'échine. Je commence à tirer une de mes épées au clair, avant de comprendre l'origine de ce phénomène surnaturel. Une tornade de sable se forme, et je recule encore devant ce maléfice qui manque de m'engloutir avec lui. Je tombe les fesses les premières sur le sol rude, et recule encore.

Mon Dieu..., est tout ce qui sort de mon esprit engourdi par cette vision. Des traits indistincts et mouvants sont apparus au coeur de la tornade de poussière, et une voix caverneuse me fait sursauter autant que son discours me fascine totalement. Une rencontre avec le Divin, que je comprends peu à peu être une rencontre avec le Père de ses tribus. Ma raison vacille tandis que je réalise que je suis en train de boire les paroles de ce qui est vraisemblablement un Dieu. Mon esprit s'accroche pour ne pas s'effondrer sous le coup de cette révélation, mais une autre partie écoute attentivement le discours de cet être sans âge aux accents d'un tas de bois craquant sous le feu et d'une profondeur abyssale.

Sa Prophétie est aussi limpide qu'une rivière dans le désert, et la mise en garde me semble la plus réelle et grave que l'on ne m'ait jamais faite. Puis il disparait à nouveau pour reparaître sous les traits d'un enfant, et son second avertissement est bien plus énigmatique. Malgré ma tétanie et mon mutisme, ma curiosité innée est, elle, aussi affûtée que mes lames tandis que je tente de percer le sens de cette phrase pour le moins cryptique. La colère de Gocihr. Qui (ou quoi) était donc cette protection qui devait m'accompagner dans ce qui semblait être une véritable quête que je devrais mener. De quel Sigille parlait-il ? Apparemment cette Prophétie divine, ou quel que soit le nom que mon esprit peinait à lui donner,  devait m'amener au coeur d'un complot en ces terres. Un complot impliquant un Dieu nouveau. Et à ce que j'en voyais, un Dieu ancien. Les souvenirs de mes conversations avec Isham sur la religion en ses Terres étrangères ressurgissent comme un torrent.

Mais tandis que ma raison tente de s'accrocher à la réalité telle que je pensais la connaître, l'apparition disparait aussi soudainement qu'elle est venue, et je me retrouve seul. Comme l'unique témoin d'un mirage. Vérifiant par acquis de conscience que je n'avais pas disparu dans les limbes de l'enfer, je vois alors une marque sur l'index de ma main gauche se former, entrelacs d'une complexité hypnotique de lumière et de feu, avant de disparaître elle aussi, me laissant seul dans le silence de cette antre du Divin, ou de mes hallucinations personnelles, avec pour seule compagnie l'oiseau de proie qui tourne un instant au-dessus de ma tête avant de repartir vers d'autres Cieux.

Interdit, je reste assis là, en position prostrée, tentant vainement d'accepter ce que je venais de voir, dans l'incrédulité de ma raison pour qui le Divin n'avait jamais été qu'une lointaine figure dont se servaient les Nobles Vodacce pour atteindre de sombres buts politiques. Devais-je porter crédit à la vision que je venais d'avoir, ou tout bonnement mettre cela sur le compte de ces contrées et d'une intoxication par une eau croupie ou une nourriture avariée ? M'avait-on empoisonné à mon insu ? Pourtant, le doute était bien présent, et je demeurais certain de ne pas avoir inventé toute cette histoire.

Au bout d'un temps qui me paraît une véritable éternité, mes membres se décident à se mouvoir à nouveau, et je me relève, tapant mes mains l'une contre l'autre pour en enlever la poussière. Je lève la tête et regarde le ciel, puis le lieu où je venais d'assister à cette évocation probablement surnaturelle.

Je finis par secouer la tête, comme pour me réveiller :
- Allons Cosmo. Tu es un esprit ouvert et éclairé. Un esprit ouvert, mais qui a besoin de preuves tangibles pour croire...Et pour le moment tu n'en as aucune, à part une vision. Alors peu importe, oublions tout cela..., me dis-je à voix haute, mais plus dans l'intention de me rassurer que mû par une véritable conviction. Le doute planait, mais je ne pouvais pour le moment me laisser aller à ce que je ne pouvais que deviner par mon intuition.

Je me dirige donc vers la pente, et lentement, tout en réfléchissant, je remonte de ce lieu chargé de mystère, remettant en doute tandis que je le quitte son existence même. Arrivé en haut, je l'observe encore un moment pour me convaincre que je n'avais pas halluciné, puis me dirige, faute d'autre choix, vers les village et mes compagnons, l'air encore hagard.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mar 10 Mai - 15:00

Dubitatif sur la scène à laquelle tu viens d’assister, tu regagnes le village de Kafr Qualem comme on émerge d’un songe étrange. Tu passes d’abord par le puits, mais constates que Khoubeb n’est plus là. Tu as pourtant l’impression de ne t’être absenté que quelques minutes. Tu prends donc la direction du Havre du voyageur, où les membres de la caravane d’Isham sont tous rassemblés autour d’un petit feu où sont rôtis des morceaux de viande. Ton arrivée est saluée par quelques rires de tes compagnons de route et ils échangent entre eux en continuant de sourire. Tu comprends un mot qui revient : « Sishir » qui fait partie des mots que tu commences à reconnaître et qui signifie « femme » dans la langue du désert. Tu devines être l'objet d'une plaisanterie oiseuse.

Isham, lui, rit aussi de bon cœur, mais tu remarques que son regard s’est attardé quelques secondes sur tes mains. Il finit par dire :

- Maître Ramirez, venez-donc partager le repas. Mes hommes se demandaient si votre visite du village avait été intéressante ?

Si tu te joins au repas, tu profites d’une viande d’agneau aux herbes épicées savoureuses, accompagnée de dattes. Assise sur une natte un peu à l’écart, Lucretia profite également du repas en compagnie de Dounia.

- Demain nous repartirons et nous enfoncerons dans le cœur du désert, vers Orzalem. Il nous faudra une dizaine jours pour atteindre notre destination, dit Isham à votre intention.

Le bivouac s’achève dans la bonne humeur, avant que tous ne sombrent peu à peu dans le sommeil. Au cœur de la nuit, une envie irrépressible d’uriner t’oblige à te lever pour gagner la fosse d’aisance en dehors de la maison. Sur le retour, tu entends des chuchotements et, intrigué, tu te figes pour tenter d’en entendre plus. Tu identifies la voix d’Isham et une voix féminine, mais ne parvient malheureusement pas à comprendre la teneur de l’échange qui est animé. Isham semble avoir le dernier mot et tu vois ensuite les deux silhouettes passées à quelques mètres de toi en direction du Khoubib Sahl. La pénombre t’empêche de les voir correctement vu qu’ils sont de dos, mais tu reconnais bien la silhouette d’Isham. Tu laisses passer quelques minutes, hésitant sur la démarche à suivre, avant de finalement regagner toi aussi la maison qui vous accueille. Tout le monde semble dormir, et tu t'allonges discrètement sur ta couche.



Le lendemain, quelques habitants viennent assister à votre départ alors que le soleil n’a pas encore émergé derrière les montages de roche rouge cuivrée. La suite est une lente traversée d’un océan de dunes, qui ne cessent de t’émerveiller par leurs infinies variations de formes et de teintes du spectre émanant de la couleur jaune. Le cœur du désert est brûlant, et tu imagines très bien quel aurait été ton sort si tu avais gardé tes anciens vêtements : Tu aurais tout simplement cuit vivant. Même protégé par la tenue traditionnelle des nomades du désert, la chaleur du désert boit toute l’eau de ton corps, t’obligeant à t’hydrater avec régularité. Le sable est partout, murmurant dans le souffle de l’Adir et crissant sous les pas de vos montures. L’air semble parfois frémir au-dessus des dunes à l’horizon, jusqu’à occasionnellement te laisser vpercevoir des lieux qui n’existent plus lorsque vous vous en approchez. Lorsque tu en fait part à Isham, celui-ci te répond avec sa courtoisie habituelle :

- Les différences de températures entre l’air au ras du sol et celui au-dessus font parfois naître des illusions qui trompent l’œil non-averti. Nous les appelons amalawlaw… Il hésite un instant… je crois que vous dites mirage dans votre langue.

Ainsi se passe votre traversée, de longues heures à dos de Camélidés dans des paysages enchanteurs et changeants auxquels tu ne parviens pas à accorder de la monotonie. Des bivouacs aux dernières heures du jours sous des tentes faites d'un barnum de toiles et de tapis avant de reprendre la route à la fin de la nuit. Un soir, pourtant, après plusieurs jours de traversée, tu sens une forme de tension parmi les membres de la caravane. Si au fil du temps, ta présence a été acceptée, tu notes qu’à l’orée de la nuit qui s’annonce, chacun vaque à ses occupations dans un silence inhabituel. C’est Djillali qui t’affranchit:

- Nous sommes sur le territoire de Gōčihr, et s’il nous juge indigne du désert, il viendra nous dévorer.

Superstition? Le doute de l’étranger dans une terre inconnue t’assaille. Pourtant, alors que tu as fini par t'endormir, un vombrissement dans le sable t’éveille en sursaut. Lorsque tu sors de ton refuge, tu vois tous les autres debout qui fixent un point au loin. La lumière des étoiles te permet alors de voir l'objet de leur attention: une dune de sable qui se déplace à vive allure vers le nord… Tu n’as pas besoin que l’on te dise de quoi il s’agit, il suffit de voir les visages inquiets de tes compagnons.
Tu surprends aussi un regard entre Isham et Amir, avec comme un reproche dans les yeux en amandes de ce dernier. Isham renvoie finalement tout le monde au sommeil, rappelant à chacun qu’Orzalem est encore loin de votre position.

Deux jours plus tard, vous approchez d’une gorge qui transperce comme une saillie une chaîne de montagnes rocheuses que vous devez traverser. Djillali s’approche alors d’Isham, l’air inquiet. Grâce à l’aide et la patience de Khoubeb, tu commences à mieux comprendre la langue des autochtones :

- Je n’aime pas ça, Cheick Isham. J’ai vu des oiseaux voler autour du passage à l’aube. Ca pourrait-être une embuscade.

Isham se caresse lentement le menton, comme tu l’as souvent observé quand il prend le temps de la réflexion.

- Nous sommes pressés, mais tomber dans un piège ne nous aiderait en rien. Prends Amir et pourquoi pas le Seigneur Ramirez s’il en est d’accord pour vérifier que le passage est libre, dit-il en se tournant vers toi.

Avec ton accord, vous vous éloignez tous trois vers la fissure qui traverse les rocheuses.  Comme tu l’as compris dans les discussions antérieures entre les membres de la caravane, les contourner vous feraient un trop long détour.  Isham souhaite en effet arriver avant les autres tribus à Orzalem.

En suivant les pas rapides de Djillali et ceux plus félins d’Amir, tu te effectivement que l’endroit est idéal pour tendre une embuscade à une caravane. Il faut plus de 20 minutes pour gagner l’étroit goulot de la gorge. D’ici, les pans de roche rougeâtres semblent bien plus haut que tu ne le pensais de loin. L’ombre est une bénédiction après la chaleur cuisante de votre marche forcée, mais elle nuit aussi à ta vision en quittant la luminosité étincelante de l’astre solaire. A pas de loup, vous avancez sur une centaine de mètres, sur vos gardes. Le cri d’un animal, une sorte de hululement, stoppe net tes deux compagnons.

- Shuuuuiiiiiiiiiiii!!! [Attention!!!] murmure dans un feulement Djillali.

Mais il est trop tard, les ombres dégringolent d’aplombs rocheux qui vous dominent . Tu n’aurais pas choisi un autre endroit pour une embuscade. Lestes et agiles, les agresseurs, une dizaine de silhouettes, se réceptionnent sans difficultés pour vous encercler. Vêtus de vêtements noirs du désert, ils portent à leurs mains, lances et cimeterres.

- Capturez-les et reprenez vos positions, dit le plus impressionnant d’entre-eux, un colosse portant une lame aux dimensions à son effigie, dans la même langue que celle de tes comparses.

Vif comme un serpent, Amir porte une estocade à l’adversaire le plus proche de lui. Tu n’as désormais guère le choix, il va falloir se battre. Déjà deux hommes te tiennent en tenaille en une manœuvre habile et le premier porte une attaque rapide vers tes jambes, tandis que le second tente d’utiliser sa lance comme un bâton pour viser ta tête.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Ven 13 Mai - 19:18

Visiblement absent depuis bien plus de temps que je ne pensais, je rentre au Havre pour y découvrir les autres déjà rassemblés autour du dîner. Je fronce un peu les sourcils devant les rires de mes compagnons de voyage, puis le mot Sishir me mets sur la voie d'une plaisanterie grivoise à laquelle je souris de bon cœur, autant pour saluer la répartie que pour masquer le trouble de ce que je suis bien contraint de nommer "vision".

J'évite le regard d'Isham que je vois observer mes mains, et à sa demande et sa question, je me force à affiche à toute l'assemblée une contenance tout en m'asseyant avec eux autour du petit feu, prenant une datte je lève des yeux et un sourire grivois :
- Eh bien chers amis, cette visite m'a fait réaliser à quel point ces terres étaient exotiques, accueillantes...Mais aussi épuisantes...
Je n'en dis pas plus pour ne pas vexer l'auditoire en leur laissant penser que je cherche à insulter la vertu des femmes de leur pays, et surtout pour m'éviter d'avoir à mentir, activité dont je préférerais m'abstenir avec ces hommes dont je commence à apprécier l'honnêteté, qui reste malgré mes origines une qualité que j'ai toujours encensé.

Je mange un morceau d'agneau tout en écoutant les autres se moquer gentiment de moi, tout en observant du coin de l’œil Lucrétia et Dounia prendre leurs repas un peu à l'écart.

Puis Isham prend la parole pour nous annoncer notre prochaine destination et le temps de voyage. Je hoche la tête silencieusement, autant parce que cette information n'appelle pas de réponse que le fait que j'ai encore l'impression d'avoir la tête dans un coton chaud. Je transpire, et cela ne vient pas de la chaleur ambiante.

Je profite encore quelques dizaines de minutes de ces petites réunions franches et amusantes que j'ai appris à affectionner, avant de décliner poliment un dernier verre :
- Cette journée m'a totalement épuisée, dis-je avec un sourire complice à l'auditoire, et si nous devons nous enfoncer plus profondément dans le cœur du désert, je dois me reposer. Merci d'avoir partager ce repas avec moi. Que la nuit vous apporte la paix...

Puis je me dirige vers ma couche dans un coin après avoir gratifié Lucrétia d'un sourire spontané. Mais celui-ci s'efface lorsque je me retrouve seul dans la pénombre relativement abritée des autres. Ce périple en terres étrangères avait pris un tournant auquel je ne m'attendais pas. Et je ne savais que penser de tout cela.

Couché tôt mais après avoir consommé bien trop de liquides, je me lève et cours presque à la fosse. Sur mon retour, je ne peux m'empêcher d'essayer d'épier une conversation entre Isham et une voix féminine que je ne reconnais visiblement pas. Isham a le dernier mot de ce qui semble être une dispute, puis me fais discret le temps qu'ils regagnent tous deux le Khoubib, avant de regagner moi-même ma couche en réfléchissant quelques minutes à cette scène avant que la Déesse de la Lune ne m'hypnotise de ses rais claires.

***

Le lendemain lors de notre départ, je tente de distinguer le visage de la petite fille qui m'avait guidé vers ce lieu qui ne semble plus qu'un vague souvenir n'ayant maintenant pas plus de consistance qu'un trait d'aquarelle dans la rude chaleur du désert. Mais en vain. L'enfant se cache, ou elle n'a tout bonnement jamais été ici, me laissant seul à ruminer mes pensées autant que mon chameau sa salive.

Notre périple jusqu'à l'oasis d'Orzalem se poursuit, et je m'aperçois qu'Isham ne plaisantait pas lorsqu'il parlait du coeur du désert. La chaleur devient presque insoutenable pendant la journée, et je dois avouer avoir quelques tremblements pendant ces nuits devenues de plus en plus froides dans ces étendues désertiques. Mais malgré les rigueurs de ce climat, un sentiment finit par m'envahir en seulement quelques jours : le sentiment étrange d'être ici plus en harmonie avec moi-même que ce que je ne l'ai jamais été dans mes contrées natales.

Peut-être la raison en était ce songe éveillé que j'y avais vécu récemment ?

A moins que ce ne soit le caractère franc, courageux et finalement amical de ces fiers nomades qui ne semblaient supporter ni le mensonge ni la couardise, bien loin des qualités requises pour vivre à la cour du Vodacce.

Ou peut-être était-ce les éclats de rire francs d'Isham, le franc parler rude mais honnête du taciturne Amir, les bras de fer insurmontables du grand Fayçal au larges dents et au sourire espiègle, ou les piques cinglantes mais spontanées de Djillali ainsi que sa naïveté qui faisait écho en moi, ou encore la bonhommie de notre cuisinier Farouk. Peut-être était-ce encore la voix presque hypnotique du mystique conteur Mahmoud dont je buvais littéralement les histoires dans sa langue natale maintenant que j'en comprenais l'essentiel grâce aux cours du patient Khoubeb dont j'appréciais particulièrement l'ouverture d'esprit.

Toute cette troupe d'hommes était certes composée de soldats. Mais ils étaient avant tout des hommes à la fois simples, dévoués, courageux et prêts à tout les uns pour les autres dans un environnement qui ne leur faisais aucun cadeau. Et je commençais à la fois à les envier pour cela, mais aussi a réellement les apprécier...Même Amir et Fayçal qui continuaient encore à me traiter un peu comme un pestiféré.

Peut-être enfin ce sentiment était-il dû à cette nature sauvage et brûlante, à la fois si rude et si clémente, me permettant de poser les yeux sur un véritable Paradis d'océan de Soleil, de sable, de pourpre et de bronze, comme une toile aux couleurs si belles qu'elles déchiraient mon âme d'artiste jusqu'au tréfonds, me laissant le soir vidé à me repaître avant d'aller me coucher, toujours habité par sentiment étrange de langueur et de familiarité.

Etait-ce donc cela, la Paix ?

J'avais tenté tant bien que mal d'adopter toutes leurs coutumes avec une certaine aisance. Je portais depuis maintenant une dizaine de jours un début de barbe non sans une certaine fierté, et mon teint commençait peu à peu à foncer à cause des morsures de l'astre solaire, à la grande joie de mes compagnons qui pouvaient se moquer de moi pour cela et pour mes autres bévues, avec mon joyeux consentement. En effet, il est une chose de se faire railler en public dans une Cour. Il en est une autre de savoir rire de ses propres maladresses avec des compagnons de voyages sympathiques. Je pensais avoir finalement réussi à m'intégrer à leur groupe peu à peu, leur posant de (trop ?) nombreuses questions sur leurs coutumes, leurs mœurs, leurs religions, leurs Dieux, restant toujours poli et ouvert, ne cherchant jamais à gratter trop loin les susceptibilités mais me montrant toujours curieux. Je discutais en particulier beaucoup avec Isham sur l'Ahurayasna, la religion du Désert. J'en apprenais un peu plus chaque jour sur cette lutte Cosmique, sur Zenea (symbole du bien, voire de Dieu, même si tous ne sont pas d'accord, évidemment) et Namirha, son opposé. J'apprenais aussi qu'ils avaient ce que j'assimile vite à des serviteurs, des "Anges" et des "Démons" (ou Jinn), qui semblent leur servir d'intermédiaires avec les mortels. Il m'apprend même le nom et l'histoire des douze "anges", et semble montrer de l'intérêt à ma curiosité. Il ne peut sûrement pas comprendre que je tente de trouver une explication raisonnable à mes propres tourments. A cette vision prophétique. Et pourtant mon intuition et le discours de cette créature (en était-ce une ?) me rappelle le discours d'Isham et les contes de Mahmoud.

Nous pénétrons alors dans le territoire de Gōčihr, le grand Ver. Une noble créature mythique de ce qui semble faire partie de leurs superstitions. Ou peut-être pas, à moins que certaines dunes ne se déplacent d'elles-mêmes par un phénomène que je n'arrive pas encore à déterminer. Je comprends à cette occasion qu'Amir estime que je suis pour lui la cause d'une éventuelle colère du Ver géant, ou quoi que soit ce que je venais de voir dans le ciel nocturne.

Alors deux jours plus tard, lorsqu'Isham me demande mon aval pour jouer les éclaireurs avec Amir et Djillali, j'acquiesce volontiers, voulant à la fois prouver à Amir ma valeur dans cette caravane, et me permettre par la même d'épancher ma soif d'aventure.

Je prends donc mes deux épées de duel que j'accroche à ma ceinture à ses nouveaux vêtements, les fixant dans le dos de ma ceinture afin de me permettre de marcher plus silencieusement et me laisser plus d'amplitude à mes mouvements. Je prends aussi les petites bourses noires contenant le résultat d'un de mes passe-temps favori,  une expérience réalisé avec le peu de matériel qu'il me restait et une poudre de roche rouge qu'ils appelaient le "souffle de feu" dont Mahmoud se servait pour donner des effets pyrotechniques pour accompagner ses narrations. Le mélange que j'avais produit semblait capable -lorsqu'un choc ou une flamme y était ajouté- de se transformé en une flamme chaude qui pouvait faire fondre même les métaux, et produisait une fumée blanche âcre et épaisse. J'avais plusieurs utilisations de ce procédé en tête, même si il ne restait pour l'instant qu'au stade de l'expérimentation.

Puis avant de partir, je m'adresse discrètement à Isham, laissant les deux autres partir devant :
- La décision vous reviendra, Ambassadeur, mais si il s'avérait que nous ne revenions pas de cette reconnaissance, je vous conseille de contourner ces entrailles de roches, et de ne pas traîner ici. Et quoi qu'il puisse m'arriver, j'ose espère que vous tiendrez parole et que vous ferez en sorte qu'il n'arrive rien à Dame Lucrétia..., annoncé-je avant d'afficher mon sourire le plus sûr de moi : ...Mais ne vous inquiétez pas, je saurais vous ramener vos guerriers en vie...

***

Tandis que nous nous enfonçons dans les entrailles du monstre rocheux, je me demande si nous n'aurions pas mieux fait de trouver un point de vue plus en altitude pour ne pas tomber directement dans la gueule d'un éventuel loup. Malheureusement avec ces prédictions, la suite des événements me donne raison. Avant même que Djillali feule un attention mes deux lames forgées sur mesure et assez courtes (mais plus longues que des épées courtes) sont au clair.

Je réalise toutefois à cet instant deux faits importants alors qu'un véritable colosse descend avec le reste de son groupe de brigands nomades et ordonne que l'on soit capturé.

Primo, malgré ma prestance de duelliste chevronnée, ses vêtements et ce terrain ne me sont pas favorables pour combattre en toute liberté comme j'en ai pris l'habitude. Secundo, je suis un duelliste, pas un guerrier. Et même si ce genre de rixes à trois contre un ne m'est pas étranger, ce ne sont pas non plus les meilleures circonstances pour exprimer tout mon art.

Il allait falloir improviser. Heureusement cet art là ne m'était lui non plus pas étranger. C'est alors que les coups se mettent à pleuvoir dans l'écho de cette grotte désertique, heureusement relativement fraîche.

Amir, d'une vivacité que je lui avais déjà deviné depuis notre première rencontre, porte un coup d'estoc mortel de son Cimeterre à un de nos adversaires avec une force stupéfiante pour son gabarit. Profitant de ce regard vagabond, deux autres adversaires en profitent pour tenter de me prendre en tenaille, l'un portant une attaque de Cimeterre dans mes jambes que mon expérience me fait tout de suite deviner être une distraction, alors que son comparse derrière moi fait tournoyer sa lance dans un arc de cercle mortel au niveau de ma tête.

Des réflexes de chats animent mon corps alors qu'avec grâce je saute sur le Cimeterre du premier, le désarmant, tandis que dans le même mouvement je m'accroupis, abattant une de mes lames sur celui qui me fait face. D'une pierre deux coups : baissé, j'évite in extremis l'attaque du Lancier, tandis que ma lame s'enfonce entre les protections légères de son partenaire.

Le combat est rapide, sauvage et d'une violence peu commune. Les coups s'enchaînent, et je dois garder toute ma concentration pour ne pas être blessé. Djillali se retrouve en mauvaise posture, encerclé par quatre des loups du désert, tandis qu'Amir lui en a déjà occis trois et s'avance vers le colosse qui se dirige lui aussi vers notre éclaireur, sûrement pour neutraliser le plus faible combattant de nous trois et nous menacer de le tuer.

Amir fait face au colosse et ils s'affrontent du regard. Soudain s'ensuit une lutte acharnée, la souplesse et la précision affrontant la force brute d'un Cimeterre à deux mains aux proportions monstrueuses.

Djilalli lui, toujours encerclé, hurle de douleur alors que j'achève un autre brigand d'une technique en rotation de mes deux lames :
- Djillali ! Hurlé-je au milieu du vacarme métallique et des cris. Je me déplace vivement, me laissant glisser sur les genoux juste au-dessous d'une lance menaçante sur le sol sableux pour me relever quelques mètres plus tard et trancher la gorge d'un autre ennemi qui me barrait la route pour arriver juste à temps d'une roulade dans le cercle de mort dans lequel était plongé mon compagnon, mes lames glissant pour arrêter un coup potentiellement mortel vers la gorge de Djillali. Malheureusement mon geste est trop court, et la lame de l'assaillant dévie le long de ma lame, déchiquetant la tunique et entaillant légèrement mon avant-bras, passant juste à côté de mon cou pour finir sa course dans le vide. Djillali et moi nous mettons dos à dos, tandis que j'observe sa blessure sur le côté afin de compenser sa faiblesse par la position de mes lames.

Mais nous sommes loin d'en avoir fini. Les quatre adversaires sont d'excellents bretteurs, largement meilleurs que ceux qui jonchent maintenant le sol. A côté de nous, Amir saigne d'une mauvaise plaie sur le haut de l'épaule, touché par un coup du battoir de son adversaire. Mais en soldat expérimenté il manœuvre habilement pour amener le colosse et son sabre gigantesque dans un espace plus restreint.

Je décoche un sourire à nos adversaires au travers de mon Tagelmust noir qui s'est détaché dans le combat :
- Alors, déjà fatigué ? Leur dis-je dans la même langue que la leur en reprenant une phrase de Khoubeb, observant de mon regard bleu-gris les nomades parfaitement coordonnés qui nous obsevent comme des prédateurs observent leurs proies. Mais plus ils nous évaluent, plus ils réalisent leur erreur. Aucun de nous n'était une proie facile, et aucun de nous ne comptait se laisser prendre vivant...

Le regard d'Amir croise le mien une seconde tandis qu'il combat, et je sens qu'il est inquiet. Pas tant pour lui que pour notre éclaireur, dont les dons d'escrimeurs étaient tout de même loin des nôtres. Et il ne me fait pas confiance pour le sauver.

Ce regard me coûte le combat. Une vague de sable arrive dans mes yeux, et c'est alors un enchaînement d'actions qui nous propulsent tous les deux face contre terre. J'aurais dû me méfier de ces ruses pourtant triviales. Je me suis fais avoir tel un débutant. le coup sur ma tempe est violent. Djillali tombe à terre quelques secondes plus tard. Encore en vie, mais très mal en point.

Tandis que les coups pleuvent sur nous, je sens que je m'enfonce dans l'inconscience, alors que la voix d'Amir s'élève...Les ténèbres m'envahissent d'un coup de chausse dans le menton. Je rage. Nous avons perdu. Puis plus rien.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Lun 13 Juin - 18:18

Tes yeux s’ouvrent, mais ta vue est trouble. Ta joue est posée sur du sable encore chaud. Tu cherches à te relever, mais tes poignets et tes chevilles sont solidement ligotées. Ta tête cogne et une migraine violente te donne la nausée. Tu as dû prendre un coup sévère sur le crâne. Peu à peu, tu fais le point. Tu es allongé à la verticale contre le sable, à l’ombre, même si une partie de l’étendue où tu te trouves est encore en plein soleil. Impossible pour toi néanmoins de dire depuis combien de temps tu as perdu connaissance.

A trois mètres de toi, debout, une silhouette se détache entre ombre et lumière. Tu finis par le replacer grâce à sa morphologie : le colosse qui menait les adversaires qui vous ont surpris dans une embuscade. Il s’adresse à quelqu’un que tu ne peux pas voir de sa voix âpre. Il te faut un effort pour réussir à comprendre le sens de l’échange qu’il mène avec une voix féminine.

- Que fait-il ici ?
- Il est un invité de notre Walï, et par vos actes vous venez de vous aliéner le Qalibat al-Sajin. Vas donc dire à ton maître cela.


Le colosse rit, moqueur.

- Crois-tu vraiment que le loup craint votre tribu qui n’en est plus une ?

Une troisième voix intervient, avec le même accent que celle du chef de vos agresseurs.

- Il est réveillé.
- Bien, répond le colosse, voyons ce que l’étranger a à nous dire.
- Il ne parle pas notre langue, dit la voix féminine.

Le colosse ne semble pas écouter cette dernière intervention, et tu es remis en position assise pour lui faire face. Tu distingues alors, outre le meneur, quatre autres personnes. Trois sont des adversaires rescapés de votre combat. Le quatrième est une femme au visage ovale et aux traits harmonieux, encadré de longs cheveux noirs, et dont les yeux en amandes te fixe. Des yeux qui sont incontestablement ceux d'Amir.  Son regard flambe malgré la pénombre, comme pour te défier de dire quoi que ce soit.

La masse du colosse finit par la dissimuler. Ce dernier s’accroupit, et s’adresse à toi de sa voix gutturale, dans sa langue mais avec lenteur.

- Etranger. Je ne sais pas qui t’a amené ici, mais tu es bon combattant, alors tu vas voir où est ton intérêt. Si tu veux vivre, tu vas retourner auprès d’Isham et lui dire que nous avons été vaincus et que le passage est libre. Si tu ne le fais pas, tu meurs. Simple.

Il marque une pause, comme pour s’assurer que tu comprends. Il désigne ensuite l’une des trois silhouettes qui constitue sa troupe.

- Lui, il va t’accompagner. Il sera déguisé en elle,
dit-il en désignant « Amir ». Tu notes alors que ses vêtements ont été échangés avec ceux de la jeune fille. Si tu trahis, elle meurt. Isham t’en voudra beaucoup que sa fille soit morte par ta faute, dit-il en riant avec ses les trois autres.
- Ne l’écoutes pas, dit alors la fille, dont la fureur est palpable au son de sa voix. Il nous tuera tous de toute façon.

Le colosse rit à nouveau.

- Louna a toujours eu une langue aussi acérée que la vipère des sables, mais le choix t’appartient étranger. Si tu veux vivre, tu sais ce que tu as à faire.


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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mer 22 Juin - 13:09

Je m'éveille lentement, le sable rugueux frottant ma figure et un mal de crâne m'assaillant tel un coup de masse. Manquant de vomir, mon estomac a la sympathie de se retenirtandis que je m'aperçois de ma situation. Capturé par ces hommes, mes armes ainsi que mes bourses subtilisées, alors qu'une discussion animée attire mon attention. Cette voix. Mais bien sûr ! J'aurais dû m'en douter, mais les merveilles de ce désert et ces découvertes incessantes avaient émoussé mes facultés de déduction. Amir n'était pas un homme. Et c'est elle qui parlait avec Isham ce soir là dans le campement...Et au vu la teneur familière du ton qu'elle avait employé et les autres indices laissés ça et là dans ma mémoire, cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose...Quel sot j'étais de ne pas l'avoir remarqué.

Mais je n'ai pas le temps de tergiverser qu'un des soldats annonce mon réveil. Le Colosse que je suppose appartenir au clan du Loup prend la parole, suivi "d'Amir" qui tente de faire croire que je ne parle pas leur langue, probablement pour que je ne parle pas, mais visiblement sans grand succès. J'observe le guerrier se mettre à parler, et tente de deviner ses intentions. Au vu de mes expériences dans les manipulations vodacce, il me faut seulement quelques secondes pour les deviner étant donné ce que je sais de la situation. Plusieurs hypothèses se forment dans mon esprit sur l'allégeance et de la provenance des ordres qu'avaient reçus ce géant et sa troupe. Le Walli du Clan du Loup. Son frère, peut-être. Ou tout simplement un excès de zèle de la part de ce qui me semble être un Lieutenant.

Tandis qu'il m'explique le plan relativement simpliste et truffé de failles d'un homme à l'esprit féroce mais finalement assez frustre, les pièces se mettent en place. Amir est donc bien la fille d'Isham... Et elle est maintenant leur otage. Isham ne partira pas sans elle, cela ne fait maintenant plus aucun doute. Commence-t-il à s'inquiéter ou à se douter de quelque chose ? Combien de temps étais-je resté inconscient ? Sûrement assez peu pour qu'ils se disent que ce plan allait marcher sans éveiller les soupçons.

Tout à coup, une révélation apparaît dans le discours du chef de troupe. Louna. Tel était donc le nom de cette femme aux traits si gracieux et royaux que je n'avais pas su distinguer jusqu'alors, pris dans mes découvertes de ces contrées. Pourtant l'esprit d'Amir lui restait chevillé au corps et à la bouche tandis qu'elle me prévient qu'ils allaient nous tuer de toute manière, ce qui m'apparaissait déjà comme une évidence.

Un autre sursaut de conscience m'étreint soudainement les tripes, plus profondément que le précédent. Où était donc passé Djillali ? Un frisson me parcourt l'échine. Nulle part ici, apparemment. Et cela ne voulait sûrement dire qu'une chose. L'envie de vomir m'étreint à nouveau tandis que j'observe toute la troupe qui semble être pendue à mes lèvres desséchées par le sable que j'ai encore sur la moitié du visage.

Mon esprit court aussi vite qu'il le peut vers la conclusion de cette situation. Isham. Lucretia. Am...Louna. Le campement. Ces tunnels dans le désert. Je n'ai en fait guère le choix. Je sais ce qu'il me reste à faire.

Me massant alors l'arrière du crâne, j'essuie ma bouche desséchée pour en enlever le sable, tout en cherchant discrètement du regard mes bourses et mes armes. Je vois. Cela paraît effectivement assez simple..., dis-je en affichant le sourire malin et opportuniste des Vodacce tout en me relevant difficilement pour poser mon regard bleu azur dans le regard sombre du colosse. ...Et je sais reconnaître une cause perdue, annoncé-je le plus simplement du monde en élargissant un sourire plein d'une condescendance agacée à "Amir". Je ne comprends peut-être pas tout ce qui se passe ici, mais les Al-Thi’b décimeront les Al-Sajin, ça me semble maintenant évident. Et je ne veux pas mourir parce que j'ai été stupide de placer ma confiance sur le mauvais Qalibat. Dans les contrées d'où je viens, nous avons aussi de l'Honneur, mais nous sommes avant tout pragmatiques. Nous avons un dicton qui dit : si tu ne peux vaincre un ennemi, alors fais toi en un allié..., déclaré-je avec un ton que n'aurait pas renié ma famille adoptive dans les plus hautes sphères. Après tout Isham et sa fille se sont moqués de nous et nous ont sciemment trompés sur son identité..., dis-je en regardant la fille aux yeux en amandes avec défi : Et je ne tiens pas à savoir ce qu'ils nous cachent encore. Le temps semble venu de s'adapter. En contrepartie, je veux la garantie de ma survie et de votre protection...Finis-je avec l'aplomb d'un marchand du port d'Aquila, observant la réaction de mon interlocuteur, tout en ignorant royalement les regards assassins de la fille de l'Ambassadeur. Je me relève tant bien que mal en me dépoussiérant un peu pour poser le regard Mercenaire sans foi ni loi sur le Chef de la troupe. Alors, Chef, est-ce que nous avons un accord ? Finis-je en lui tendant les mains pour sceller notre accord à la manière de ceux du Désert.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mer 6 Juil - 17:12

Pendant toute la durée de ta réflexion, le colosse est resté impassible, à te fixer de ses prunelles sombres comme pour essayer de lire ce qu’il se passe sous ton crâne. Tes premiers mots font paraître un sourire animal sur son visage sombre, et il se redresse en même temps que toi, sans hésiter à te tendre la main.

- Je te garantis ta survie, l’étranger.

Sa main se resserre ensuite plus fort sur la tienne alors qu’il te tire d’un coup sec vers lui :

- Et une mort lente et atroce dans un terrier d’alnuml si tu essaies de me trahir.

Il te relâche de sa terrible poigne, avant de se retourner pour dire à ses sbires de te rendre tes armes. C’est à cet exact instant que tu es percuté par Louna. D’un mouvement souple, cette dernière s’est relevée en profitant de l’inattention des soldats du loup et s’est jetée d’un bond leste contre toi, pour vous envoyer tous deux bouler contre le sable tout en s’écriant :

- Je vais te tuer, traître!!!

Son corps ligoté atterrit sur toi, son parfum de sable chaud envahit ton univers olfactif. Elle murmure alors pour tes seules oreilles "far alraml", puis se redresse d’une ruade pour te décocher un coup de coude en pleine mâchoire malgré ses mains ligotées, et reprend en criant :

- Meurs chien!!!

Hilare, le colosse s’approche de vous, et arrache la furie de votre violente étreinte.

- La fille a l’air moins porté sur la palabre que son père, s’esclaffe-t-il.

Louna continue de se débattre avant qu’elle ne soit complètement saucissonnée par une corde et réduite au silence par un baîllon. L’un des hommes du Qalibat Al-Thi’b déclare alors :

- Elle sera plus soumise une fois qu’elle sera femme au harem d’Abd ibn Alet. Avec un peu de chance, le wali partagera avec ses fidèles guerriers, achève-t-il avec un regard concupiscent vers la jeune femme.

Celui qui porte les vêtements d’Amir te tend ensuite tes armes alors que tu te relèves.

- Assez traîné, dit le colosse, n’éveillons pas plus les soupçons de ce vieux renard d’Isham.
- Allons-y, dit ton escorte.

Il te guide vers une anfractuosité dans la paroi rocheuse, qui donne sur un boyau naturel qui descend jusqu’au canyon qui sillonne la montagne. Le soleil encore haut t’indique qu’il ne s’est pas écoulé plus de deux heures depuis que vous avez quitté la caravane. Il te conduit pourtant à l’inverse de votre chemin d’arrivée vers un renfoncement dans l’une des parois où se cachent trois autres guerriers, et plusieurs camélidés. Il saisit l’un d’entre-eux par la sangle puis se tourne vers toi :

- Ecoutes bien, étranger. Nous allons simuler une blessure de la fille d’Isham. Tu vas dire que vous bien subit une attaque à la fin du canyon, que l’autre est mort et que je suis blessée. S’ils veulent m’examiner, tu vas dire que tu l’as déjà fait, et que j’ai juste pris un coup sur la tête qui m’a assommé, mais que je vais bien. Il marque une courte pause. Tu vas ensuite dire que tu as mis en fuite les deux derniers soldats, mais que tu crains qu’ils aillent chercher du renfort et qu’il faut vite traverser la passe.

Il te détaille pour voir si tu comprends bien son plan. Son visage se fait ensuite plus dur et ses mots tranchants. Tu sens qu’il ne bluffe pas.

- Ma lame sera toujours dans ton dos, n’oublies pas. Si tu trahis, tu meurs. Si nous sommes démasqués, tu meurs. Et la fille aussi. Maintenant, yala !

Vous grimpez sur la monture, le guerrier d’ Al-Thi’b derrière toi comme prévu. Les rênes dans les mains, c’est à présent à toi de décider de la suite…


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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Mer 12 Oct - 10:45

La première étape de ce plan improvisé de traîtrise se passe comme prévu, et je serre la main énorme de notre ennemi avec la franchise d'un serpent Vodacce, avant qu'il ne me mette en garde de mon sort en cas de trahison. Et même si je n'ai aucune idée de ce qu'est un Alnuml, j'imagine que je n'ai aucune envie de le découvrir.

C'est alors que Lounis me rentre dedans comme une furie et me saute dessus, me murmurant des mots étranges. far alraml, littéralement la souris du désert...Puis elle me décoche un violent coup de coude dans la mâchoire qui par chance ou maîtrise ne me fait sauter aucune dent. Elle continue de vociférer, mais les sbires du colosse sont sur elle et l'attachent de façon plus définitive.

Je me relève péniblement, et m'approche d'elle alors que le géant hilare ne se mette à spéculer sur son avenir. Je me penche vers elle et lui glisse d'un air méchant :
- Ne t'inquiètes pas, jeune fille... J'ai bien compris tes paroles. Je vais m'occuper de ton père, sois en sûre. Puis ce sera ton tour, finis-je avec un sourire presque sadique avant de cracher par terre à côté d'elle pour sceller cette promesse. Pas le temps de faire moins ni plus subtil, je me retourne vers celui qui joue le rôle d'Amir et qui me tend effets et armes que je saisis pour les récupérer. Suite aux injonctions du titan du désert et de son acolyte, j'obéis et pars, sans un regard de plus pour la princesse, me laissant guider vers la sortie.

Le soleil sauvage du désert m'indique que peu de temps s'est écoulé depuis notre altercation. Les soldats cachés nous fournissent des montures, et j'écoute sa diatribe sur ce plan décidément simpliste. Je souris en montant sur le chameau :
- Je devrais arriver à suivre, ne t'en fais pas mon ami.

Il se sent alors obligé de rajouter une menace dans une technique basique d'intimidation que je trouve presque ridicule. Je soupire, et réponds avec un demi sourire :
- Pas la peine de me menacer. Nous sommes dans le même camps. Et je ne serais pas démasqué, ne t'en fais pas...Alors ne fais rien de stupide de ton côté, laisses moi parler, et tout se passera au mieux, mon ami, finis-je avec la certitude du traître certain de ne pas être pris. Et malgré mon double langage, j'espérais réellement que je disais vrai.

****

Lorsque nous arrivons au camps, je sens que les troupes comme l'Ambassadeur sont nerveuses. L'attente les a rendu suspicieux. Suspicion qui cède vite à la joie presque visible de nous voir arriver. Isham s'approche tandis que nous descendons. Il semble dans un premier temps soulagé de voir la silhouette d'Amir. Puis regardant derrière nous il nous observe quelques instants avant de demander, l'air grave :
- Où est Djillali ?
J'affiche une mine grave, et secoue la tête. Le visage de mon mentor dans ce désert se fait grave lui aussi, et il prononce quelques mots que je ne comprends pas. Une prière ? Puis il nous observe encore avant de demander, plus pour sa fille que pour moi :
- Que s'est-il passé ? Vous allez bien ?
Je marque une pause. Pas maintenant. Les gardes d'Isham sont trop loin, et la manœuvre serait trop risquée avec ce lourdaud qui me menace de façon plus ou moins discrète. Sa lame serait dans mon coeur avant même que je ne finisse ma phrase s'il soupçonnait quelque chose. Je me contente donc de répondre avec une fatigue que je ressens réellement :
- C'était une embuscade. Au bout du Canyon. On a rien vu venir. Ils ont tué Djillali, c'est allez trop vite. Amir a été blessé et a été assommé.... Puis avant qu'il ne commence à vouloir vérifier je lui lance derechef : ...Il va bien, j'ai déjà regardé ses blessures. Une plaie superficielle et une grosse bosse sur la tête, mais rien que je n'ai pu soigné...

Je continue tandis que nous nous dirigeons vers sa tente, ses hommes nous rejoignant :
- J'ai réussi à mettre le reste des hommes en déroute...Mais ils vont sûrement revenir. Avec du renfort...Dis-je en déroulant le plan du sbire qui se décide enfin à me laisser un peu de distance. Isham affiche une mine contrariée :
- Nous nous attendions à ce genre de problèmes. Peut-être devrions nous choisir un autre itinéraire...
Mais je ne le laisse pas finir, finissant par là même d'achever le travail de confiance avec mon "acolyte" :
- ...Non. Je pense qu'ils mettront quelques temps à revenir, et nous sommes revenus aussi vite que notre monture a pu nous porter. Nous devons traverser avant qu'ils ne reviennent.... Isham reste coi, n'ayant pas l'habitude de me voir prendre autant d'initiatives, et sa fille aussi peu :
- Peut-être est-ce vous qui avez vous raison. Après tout, vous étiez là-bas...Dit-il avec un regard insistant à Amir.
Nous entrons dans la tente. Un espace réduit. Trois gardes. Cinq contre un. C'était maintenant ou jamais. J'ajoute avec un ton désinvolte très Vodacce qu'Isham me sait avoir en horreur :
- Je vous l'ai dit avant de partir, contourner cette passe est un très mauvais plan... dis-je en contredisant directement les paroles que j'avais prononcé alors : ...Je vous promets que la vie de Djillali sera vengée. Mais pour l'instant devons nous montrer rapides et rusés, telles des souris du désert..., dis-je en jetant un regard oblique à l'attention d'isham sur "Amir" qui s'est un peu éloigné derrière moi pour me laisser mes aises dans une confiance maintenant relative, ce qui était toujours mieux que pas de confiance du tout. Mon regard perçant et lourd de double sens se pose alors sur mon mentor et ami. J'espère que mes connaissances des Innuendos Vodacce et des phrases cryptiques de nos cercles m'avaient porté sur la bonne voie, et que j'avais laissé assez d'indices pour que l'Ambassadeur agisse comme il le fallait. Je me tiens pour ma part malgré mon air détendu prêt à l'action, me décalant un peu pour refermer le piège sur le seul traître dans cette tente.
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MessageSujet: Re: Stranger in a strange land   Stranger in a strange land Icon_minitime1Dim 2 Juil - 23:39

Tu passes un moment inconfortable à chevaucher depuis la faille des monts rocheux jusqu’au campement improvisé d’Isham, une lame collée contre tes reins. Malgré la menace, ton hôte forcé te laisse diriger ta monture jusqu’au campement, et te laisse mener la conversation avec Isham. Ce dernier accuse le coup à l’annonce du décès de Djillali et te fait suffisamment confiance pour ne pas se précipiter auprès d’ « Amir » pour inspecter sa blessure, malgré l’inquiétude qui transparaît sur son visage. Etrangement, il ne semble pas noter de différence entre l’infiltré et sa fille, ce qui te paraissait pourtant une ruse grossière.

Tu parviens à détourner Isham de sa volonté première de contourner l’obstacle, même s’il est étonné de ton approche agressive, toi qui jusqu’alors t’étais surtout érigé en observateur attentif, et du comportement au contraire silencieux de sa « fille ». Autour de votre échange, Faycal incline la tête devant ta proposition, tandis que Sahil semble particulièrement affecté par le décès de Djillali. Tous conservent pourtant un regard farouches à l’instar de dignes fils du désert.
Le traître, lui, continue à jouer son rôle et à te laisser mener la danse, mais tu sens que chacune de tes paroles est épiée. Vous vous dirigez vers la tente montée à la hâte dans ce campement improvisé. Wahid, Fayçal et Othman vous accompagnent. Parfait, te dis-tu, cinq contre un. Tu notes à votre entrée qu’une toile tirée dans la tente forme un compartiment privé. N’ayant pas vu Lucrétia et Dounia dehors, tu peux deviner que c’est là qu’elles se sont réfugiées du soleil ardent.

Tu te sens néanmoins suffisamment en sécurité maintenant pour dérouler la phase finale de ta ruse. Lorsque tes derniers mots s’éteignent, tu peux voir une lueur étrange se faire dans le regard de l’ambassadeur, mais c’est le seul détail qui marque un quelconque changement dans son attitude. Son visage se tourne ensuite vers Amir, et il s’adresse à lui dans sa langue que tu comprends à présent suffisamment pour suivre la teneur de l’échange :

- Qu’en penses-tu Amir, devons nous vraiment nous glisser dans la peau d’une far alraml pour traverser la passe ?

C’est une infime tension dans les épaules de l’homme qui te fait pressentir la suite. Avec un « AL-THI’B!» qui résonne haut dans la tente, il dégaine sa dague avec une célérité qui prend tout le monde de vitesse et plonge en direction d’Isham pour lui porter un coup mortel.

Tout le monde sauf toi.

Tu sens le mouvement de l’assaillant avant qu’il ne débute. Des années d’entraînement ont suffisamment affûté tes réflexes pour que tu coupes l’élan du traître en le détournant d’un coup d’épaule avant qu’il n’atteigne sa cible. Déjà tu dégaines ta lame avant tout le monde, mais constate avec dépit que le traitre a été envoyé bouler dans la toile qui sépare la tente. Les cris conjugués de Lucrétia et Dounia viennent vous avertir du danger. Isham et les autres dégainent à leur tour leurs armes, mais vif comme le serpent qu’il est, l’homme de la tribu du loup s’est relevé  et s’est emparé de la nièce du Prince Lucani. Sa dague sur la gorge de la jeune femme derrière laquelle il se protège, il vous regarde tout à tour.

- Mon maître tient votre fille, Isham. Si vous ne vous livrez pas, cette gharib et votre fille vont mourir. Réfléchissez bien.

Les yeux de l’homme passe, sur chacun d’entre vous, vous défiant du regard, avant de subitement hurler de douleur en relâchant son emprise sur Lucrétia. Profitant  de cette opportunité, tu te jettes à nouveau sur l’assaillant et lui transperce le bras de ta lame. Tu comprends alors ce qu’il vient de se passer : Dounia, à terre lors de la prise d’otage, à profiter d’être dans le dos de votre ennemi pour lui ficher un couteau à l’arrière de son genou. A présent estropié sur deux membres, le guerrier se roule par terre de douleur, et hurle de douleur.

- Faites-moi taire cet al-afai, et ligotez-le, ordonne alors Isham. Farouk, stoppe l’hémorragie, ce démon va parler.

La haine cède rapidement à l’inquiétude sur le visage de l’Ambassadeur du Qalibat al-Sajin. Il congédie alors ses hommes hors de la tente puis se tourne rapidement vers toi.

- Amir.. ma fille, se reprend-t-il, comment va-t-elle ?

Tu le rassures du mieux que tu peux en lui livrant le contenu de votre bataille dans le rift, votre capture et les évènements qui t’ont conduit ici. Le visage d’Isham laisse alors apparaître la vieillesse sous le masque de l’homme charismatique tandis que ton récit se termine. Il semble fatigué et abattu :

- Imran, dit-il funestement, la main noire. C’est l’âme damnée d’Abd ibn Alet, le walï du qalibat al-thi’b, et un talentueux Kadhim. C’est surtout un être malveillant qui s’est offert aux Djinns pervertis. Il est redoutable et sans pitié. Nous pouvons être sûrs qu’il a déjà prévu l’échec de cet assassin. C’était uniquement un message pour me faire savoir qu’il détient Louna, et qu’il la tuera si je ne me rends pas à lui. Je me demande ce que ce serpent attend d’une attaque aussi frontale, achève-t-il, prit dans ses réflexions et son tourment. Il se reprend et son regard se fixe à nouveau dans le tien. Vous étiez sur les lieux, Cosmo, avons-nous une autre solution que de céder à Imran ?

La voix fluette de Lucrétia, que vous aviez tous deux oublié se fait alors entendre.

- Pardonnez-moi, seigneur Isham, mais je peux peut-être vous aider.

Alors que vous tournez tous deux, dans sa direction, la jeune fille te regarde toi plus particulièrement et dit doucement, presque honteuse.

- Je connais les arcanes de la Sorte.
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